Note : Je veux ouvrir la porte et sortir d’ici.
«Seule nécessité, l’occupation du lit. Vide, il m’inquiète.»
Sophie Calle, Les Dormeurs.
J’écris enfin sur la table, pour mieux observer le lit. Tout de même, cet espace intime devient un lieu de partage dans l’hôtel. Qui était étendue là avant moi ? Sur quelles empreintes est-ce que je me couche ? Depuis quelque temps je dors seule et je me suis habituée à cette solitude. Je dors entre deux oreillers, peut-être pour mimer les corps ou tracer les frontières du mien. Je ne sais plus ce qui m’a poussée à m’encadrer de cette manière avant le sommeil. Je pense que mes oreillers sont peut-être devenus les toutous dans lesquels je projetais mes amulettes protectrices. La géographie intime du lit est sans cesse à refaire. Dans mon lit je parle, je pète, je fume, je mange, je dors, je ris, je tombe amoureuse, je fais l’amour, je me fais violer, je paresse, j’écris, je me confie, je meurs. Et c’est comme ça dans toutes les maisons.
«The bed is one of the most critical sites of social, cultural, artistic, psychological, medical, sexual and economic transactions.»
Beatriz Colomina, The century of the bed.
Un bateau s’amarre sur le quai de l’océan Ouest, en sortent quelques femmes qui sont accueillies. Elles marchent vers cette tente et seront probablement mises dans des chambres elles aussi, dans l’attente. Plus qu’une semaine avant de sortir de la chambre de mon lit.
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