J’ai flotté sur le dos en tenant un morceau de bois dans mes bras. Je ne sais pas combien de temps. Je pense que son calcul ne veut plus dire grand-chose.
Ma peau a brûlé au soleil.
Je ne sais pas ce qui m’a fait tenir ce tronçon si longtemps. Mes mains s’agrippent malgré moi, sinon je me serais laissée couler.
J’ai toujours cette odeur qui revient. Un mélange d’agrumes et de gaz. Je flotte et je pense à ma mère qui cueille les citrons. Puis à ce bateau surchargé et à son moteur qui explose.
Ma peau sent le sel, le zeste et le carburant.
Je me souviens du fond de l’eau, et d’avoir nagé vers ce que je croyais être l’en haut. Le soleil me semblait miroiter en ce sens. Mes poumons me faisaient mal. Et j’ai émergé.
*
L’inspiration la plus pleine de ma mémoire. La deuxième, sans doute.
*
Quand on m’a lancé une bouée, je ne savais plus comment lâcher ce tronçon. Quelque chose m’y maintenait cramponnée. Mes mains n’écoutaient plus.
Elles ont lancé une corde autour de moi et de mon morceau. Je me suis laissée glisser comme un animal qu’on attrape. Me suis laissée porter vers leur bateau en pensant à l’autre qui avait coulé. Quelque chose en moi ne voulait pas. Elles m’ont hissée par-dessus bord. J’ai été surprise que ce soient trois femmes. Toutes avec des peaux foncées.
J’ai essayé de leur dire merci.
*
À bord, il y avait d’autres femmes. Mais je n’ai pas vu Nadia.
Aller dans la tente Ouest
Rejoindre les pirates de l’océan Ouest