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Les cloches sonnent au loin, le soleil continue de monter dans le ciel, ce n’est pas encore l’hiver, le soleil monte encore à l’heure de l’Angélus, pas encore stagnant, pas encore rasant, le lac a des reflets brillants, surface diamant d’été mais ce n’est plus juillet, on ne frissonne pas en juillet.

J’observe la merlette, ses yeux tournés vers l’ouest, comme deux baies noires, dissimulée. Le soleil dégrade ses ailes du marron chaud au beige chocolat. Une plume blanche, duveteuse, s’échappe parfois du lierre où est caché le nid. Dans trois minutes nous entendrons un cri. Le retour du merle.

Des abeilles vont et viennent de fleurs en fleurs, dégustent le nectar du lierre encore chantant. Dans le soleil je les distingue à peine. Comme des flocons de neige exempts de gravité mais ce n’est pas janvier, le lierre n’a plus de fleurs en janvier.

Le cœur de la forêt bat sans saigner. Le bord du lac est encore sable. Les arbres vert jaune pâle. Demain peut-être, d’ici trois jours c’est sûr, le rouge, le rouge incandescent des cœurs volcan viendra napper la cime des érables.

Chaque seconde. Chaque seconde de chaque minute de chaque jour de chaque saison.

De la tourelle, au bout du couloir B, j’ai vue à 210°. Il y a le lierre sur la façade, le lac, la forêt et plus loin le clocher. Les poèmes de celles dont je partage pour quelques semaines l’intimité, installées sous un arbre pour écrire, murmurant des rimes à la brise, dansant leur rythme les deux pieds dans le sable.

Quand on meurt il y a un périmètre à respecter.
J’ai pu retourner à Wannsee.
Observer chaque seconde de chaque minute de chaque jour de chaque saison.
Sans plus jamais cligner des cils, sans plus jamais créer de buée sur la vitre, regarder. Le dégradé des feuilles et des plumes d’oiseaux, l’arrivée de l’hiver et la montée des eaux, le V des oies sauvages, l’envolée des passereaux. Le ciel.

 

 

 

    

Les cloches sonnent au loin, le soleil continue de monter dans le ciel, ce n’est pas encore l’hiver, le soleil monte encore à l’heure de l’Angélus, pas encore stagnant, pas encore rasant, le lac a des reflets brillants, surface diamant d’été mais ce n’est plus juillet, on ne frissonne pas en juillet.

J’observe la merlette, ses yeux tournés vers l’ouest, comme deux baies noires, dissimulée. Le soleil dégrade ses ailes du marron chaud au beige chocolat. Une plume blanche, duveteuse, s’échappe parfois du lierre où est caché le nid. Dans trois minutes nous entendrons un cri. Le retour du merle.

Des abeilles vont et viennent de fleurs en fleurs, dégustent le nectar du lierre encore chantant. Dans le soleil je les distingue à peine. Comme des flocons de neige exempts de gravité mais ce n’est pas janvier, le lierre n’a plus de fleurs en janvier.

Le cœur de la forêt bat sans saigner. Le bord du lac est encore sable. Les arbres vert jaune pâle. Demain peut-être, d’ici trois jours c’est sûr, le rouge, le rouge incandescent des cœurs volcan viendra napper la cime des érables.

Chaque seconde. Chaque seconde de chaque minute de chaque jour de chaque saison.

De la tourelle, au bout du couloir B, j’ai vue à 210°. Il y a le lierre sur la façade, le lac, la forêt et plus loin le clocher. Les poèmes de celles dont je partage pour quelques semaines l’intimité, installées sous un arbre pour écrire, murmurant des rimes à la brise, dansant leur rythme les deux pieds dans le sable.

Quand on meurt il y a un périmètre à respecter.
J’ai pu retourner à Wannsee.
Observer chaque seconde de chaque minute de chaque jour de chaque saison.
Sans plus jamais cligner des cils, sans plus jamais créer de buée sur la vitre, regarder. Le dégradé des feuilles et des plumes d’oiseaux, l’arrivée de l’hiver et la montée des eaux, le V des oies sauvages, l’envolée des passereaux. Le ciel.