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je n’entends plus le train
la maison n’est pas rouge
la maison n’a jamais été rouge
les pêchers ne font plus de pêches
ou n’en ont jamais fait
elles étaient trop amères
on noyait les fourmis
on versait l’eau de l’arrosoir dans les trous
pourquoi ?
on s’ennuyait
on ne voulait pas rentrer
on ne disait pas
ah cette lumière
ah ce coucher de soleil
ahhh
quand les cigales à huit heures se taisaient
on était nées dans cette lumière
on ne regardait pas les couchers de soleil
on n’entendait pas les cigales
car les cigales nous habitaient
on s’ennuyait
on ne voulait pas rentrer
nos corps maigres bâtons affamés de chaleur
assoiffés de moiteur
on s’ennuyait
l’après-midi on jouait à la banque car la grand-mère avait des quantités de sacs à main
la table du salon faisait comptoir
il ne se passait rien
on amenait du rien dans nos grands sacs à main
bonjour voici madame
merci madame tenez votre monnaie
au revoir madame
au revoir
pendant des heures
puis venait l’heure de la télévision
une cagette sur un tabouret
que le grand-père avait pris soin de découper
C’EST FAUX
que le grand-père
C’EST FAUX
que nous avions découpée seules
nos têtes comme celles dans la télé
pendant des heures nous annoncions les programmes de l’après-midi
c’est vrai.
et c’était vrai.

 

 

 

   

je n’entends plus le train
la maison n’est pas rouge
la maison n’a jamais été rouge
les pêchers ne font plus de pêches
ou n’en ont jamais fait
elles étaient trop amères
on noyait les fourmis
on versait l’eau de l’arrosoir dans les trous
pourquoi ?
on s’ennuyait
on ne voulait pas rentrer
on ne disait pas
ah cette lumière
ah ce coucher de soleil
ahhh
quand les cigales à huit heures se taisaient
on était nées dans cette lumière
on ne regardait pas les couchers de soleil
on n’entendait pas les cigales
car les cigales nous habitaient
on s’ennuyait
on ne voulait pas rentrer
nos corps maigres bâtons affamés de chaleur
assoiffés de moiteur
on s’ennuyait
l’après-midi on jouait à la banque car la grand-mère avait des quantités de sacs à main
la table du salon faisait comptoir
il ne se passait rien
on amenait du rien dans nos grands sacs à main
bonjour voici madame
merci madame tenez votre monnaie
au revoir madame
au revoir
pendant des heures
puis venait l’heure de la télévision
une cagette sur un tabouret
que le grand-père avait pris soin de découper
C’EST FAUX
que le grand-père
C’EST FAUX
que nous avions découpée seules
nos têtes comme celles dans la télé
pendant des heures nous annoncions les programmes de l’après-midi
c’est vrai.
et c’était vrai.