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Aurélie William Levaux 
2021C004

 

La petite et moi étions parties tôt le matin, nos sacs ultra légers comme recommandé pour éviter les taxes, deux culottes, un livre et une paire de chaussettes, mais des documents et attestations plein les mains. Nous avions réussi à avoir nos tests PCR négatifs, l’accord de la Grèce pour notre venue, l’accord de la Belgique pour notre retour. C’était miraculeux. Nous avions pris des trains, des bus, franchi les contrôles Covid où les gens étaient massés et triés comme des bœufs devant l’aéroport, attendant un bracelet rouge qui signalait qu’ils étaient conformes. Munies de nos bracelets rouges de la conformité, devant le contrôle-papier de Ryanair, une Kapo avait observé la carte de la petite, hésité un instant, nous avait dévisagées puis avait fait des croix avec vivacité sur nos papiers. Vous ne pouvez pas voyager. Vous, oui, madame, mais pas votre fille. Elle devra rester ici, elle avait jeté. Je lui avais expliqué ce que j’avais lu au sujet de la libre circulation dans l’espace Schengen. Oui, lEurope laccorde, sans doute, mais pas Ryanair, elle avait dit, avant d’appeler les passagers suivants sans plus un regard pour nous. On était reparties, nos sacs tout aussi légers, le cœur nettement moins. La petite avait balancé le bracelet rouge dans une poubelle et moi les billets d’avion et la réservation de l’hôtel dans une autre. Nous nous étions très peu parlé dans le bus nous ramenant à la gare qui puait gravement le vomi et l’alcool et dans lequel des hommes rasés venus d’Albanie engueulaient leurs femmes au téléphone. Nous nous étions très peu parlé dans le train où les gens qui discutaient trop haut se faisaient engueuler par des types qui tapaient, eux, très fort sur les touches de leur ordinateur, où les gens qui laissaient la porte ouverte en allant faire pipi se faisaient engueuler par d’autres et où les gens non masqués se faisaient engueuler par les contrôleurs. En rentrant chez nous, neuf heures plus tard, nous avions défait nos bagages, rangé les culottes, la paire de chaussettes et mangé ce qui restait dans les armoires, des cracottes et du miel. J’avais couché la petite. Tu sais, maman, c’étaient les meilleures vacances de ma vie, j’ai l’impression d’être allée vraiment très loin, et surtout, je n’ai jamais été aussi heureuse de rentrer chez nous, elle avait souri.

 

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La petite et moi étions parties tôt le matin, nos sacs ultra légers comme recommandé pour éviter les taxes, deux culottes, un livre et une paire de chaussettes, mais des documents et attestations plein les mains. Nous avions réussi à avoir nos tests PCR négatifs, l’accord de la Grèce pour notre venue, l’accord de la Belgique pour notre retour. C’était miraculeux. Nous avions pris des trains, des bus, franchi les contrôles Covid où les gens étaient massés et triés comme des bœufs devant l’aéroport, attendant un bracelet rouge qui signalait qu’ils étaient conformes. Munies de nos bracelets rouges de la conformité, devant le contrôle-papier de Ryanair, une Kapo avait observé la carte de la petite, hésité un instant, nous avait dévisagées puis avait fait des croix avec vivacité sur nos papiers. Vous ne pouvez pas voyager. Vous, oui, madame, mais pas votre fille. Elle devra rester ici, elle avait jeté. Je lui avais expliqué ce que j’avais lu au sujet de la libre circulation dans l’espace Schengen. Oui, lEurope laccorde, sans doute, mais pas Ryanair, elle avait dit, avant d’appeler les passagers suivants sans plus un regard pour nous. On était reparties, nos sacs tout aussi légers, le cœur nettement moins. La petite avait balancé le bracelet rouge dans une poubelle et moi les billets d’avion et la réservation de l’hôtel dans une autre. Nous nous étions très peu parlé dans le bus nous ramenant à la gare qui puait gravement le vomi et l’alcool et dans lequel des hommes rasés venus d’Albanie engueulaient leurs femmes au téléphone. Nous nous étions très peu parlé dans le train où les gens qui discutaient trop haut se faisaient engueuler par des types qui tapaient, eux, très fort sur les touches de leur ordinateur, où les gens qui laissaient la porte ouverte en allant faire pipi se faisaient engueuler par d’autres et où les gens non masqués se faisaient engueuler par les contrôleurs. En rentrant chez nous, neuf heures plus tard, nous avions défait nos bagages, rangé les culottes, la paire de chaussettes et mangé ce qui restait dans les armoires, des cracottes et du miel. J’avais couché la petite. Tu sais, maman, c’étaient les meilleures vacances de ma vie, j’ai l’impression d’être allée vraiment très loin, et surtout, je n’ai jamais été aussi heureuse de rentrer chez nous, elle avait souri.

 

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