On avait nettoyé l’escalier avec la petite. Ça nous avait pris une bonne heure. Ça n’avait plus été fait depuis des lustres. Nous avions balayé le coton-tige qui sautait de marche en marche au gré des passages de semelles depuis des mois sans jamais avoir été ramassé par quiconque. J’avais aspiré l’entrée de la cave dans laquelle nous avions retrouvé, la semaine précédente, une merde, vraiment énorme et vraisemblablement humaine, au beau milieu d’un carton. Quelques jours auparavant, j’avais croisé un mec, à l’attitude suspecte, chauve et en costume devant la porte d’entrée, et puis, plus haut dans l’escalier, un type moustachu, en slip rouge, suant comme sortant d’un sauna et descendant en direction de la cave sur la pointe des pieds. Baptiste les avait croisés peu après également. Vous cherchez la salle d’escalade ? leur avait-il demandé, car il y a une salle d’escalade juste à côté et que ça arrive souvent que les gens, se trompant de porte, se retrouvent chez nous, le regard perdu. Oui, oui, nous allons escalader, l’avaient rassuré Crâne chauve et Slip rouge. Cet immeuble n’est pas un hôtel, non, mais on aurait presque pu l’imaginer, à certaines périodes de l’année, vu le nombre de gens qui défilent dans l’escalier, étudiants, ouvriers, comptables et sportifs d’âge et de couleurs variées. Les personnes identifiables, celles que je croise de façon stable, sont deux hommes, un couple, résidant dans l’appart sous le mien, toujours en marcel, été comme hiver. En sept ans, nous ne nous étions jamais adressés la parole. Le plus grand, celui qui fait apparemment de la muscu et porte une dense barbe noire qui me fait toujours, vision déformée par l’époque, l’effet d’un masque troué au niveau de la bouche, a un air hautain et le plus petit ne décolle jamais le regard de son Iphone. Il joue à Pokémon de façon constante et plutôt préoccupante.
***
La petite dormait à présent. Baptiste n’allait pas revenir le jour prévu, la voiture qu’il venait d’acheter avait de graves problèmes, il n’avait plus un rond pour la réparer et le garagiste n’avait pas commandé la bonne boule d’attelage pour la caravane. M’emmerdant ferme, entendant des voix et de la musique s’échapper des fenêtres de mes voisins du bas, je m’étais décidée à aller à leur rencontre. J’étais descendue d’un étage et avais frappé à leur porte ornée d’un arc-en-ciel et d’un smiley jaune. Excusez-nous pour le bruit, ils avaient réagi gênés, en me voyant débarquer. Non, ne vous inquiétez pas, je m’ennuyais, je me disais que je pourrais boire un verre avec vous, j’avais annoncé. Ils m’avaient accueillie à bras ouvert et m’avaient installée dans le canapé en cuir blanc, entre eux, les deux, vêtus de leurs traditionnels marcels. Un ventilateur soufflait comme s’il faisait 50 degrés, ce qui était loin d’être le cas. Sur un écran géant passait le karaoké d’une chanson d’Indochine. C’est comme ça qu’ils passent leurs soirées, m’avaient-ils expliqué : en jouant sur Twitch, et ça donnait sacrément chaud apparemment. On avait un peu discuté, très sympathiquement autour d’un verre de faux Martini. Alors, comment vous êtes-vous rencontrés ? j’avais demandé. Dans une partouze à Anvers, avait souri le grand barbu. Oui, nous les pédés, on fait parfois des partouzes, s’était excusé le petit, qui s’appelait Randy. Ah, oui, j’imagine, j’avais souri. Mais en organisez-vous de temps à autre ici ? je les avais interrogés, leur évoquant la vision que j’avais eue de Slip rouge suant dans l’escalier. Ils avaient hésité. Oui, lui, c’est une vieille connaissance, un milliardaire un peu vicelard. On ne sait pas pourquoi, il kiffe venir chez nous, mais ce jour-là, il a abusé, il a franchi toutes les limites, on a dû le foutre dehors, avait haussé les épaules le grand en me resservant un faux Martini. Je n’avais pas investigué sur les limites dépassées, mais parlé de notre découverte de l’immense crotte humaine trouvée au milieu du carton à l’entrée de la cave. Oh, non, Randy, tu imagines, il l’a fait, quelle pétasse, alors, ce mec, toujours ce besoin de vengeance, avait lancé le grand barbu à Randy. Il ne mettra plus les pieds ici, avait réagi avec sévérité Randy. On avait bien rigolé autour du sujet des milliardaires qui chient dans des caisses, puis on s’était dit que c’était une bonne chose qu’on se connaisse enfin, qu’il ne fallait pas aller bien loin pour faire de nouvelles connaissances, que c’était des fois beau, la vie. J’avais passé une excellente soirée et j’étais remontée un peu bourrée. Très inspirée, en besoin de sortir de ma féminité ringarde, j’avais mis de la techno à fond et, dans l’obscurité, j’avais coupé mes cheveux beaucoup trop courts.
Faire l’amour en Wallonie
Faire un tour dans une mairie en Wallonie
Aurélie William Levaux
2021C006
Aus dem Französischen von Marie Heck
Die Kleine und ich haben das Treppenhaus geputzt. Das war seit Ewigkeiten nicht mehr gemacht worden und hat uns über eine Stunde gekostet. Wir haben das Ohrenstäbchen weggefegt, das seit Monaten von den auf- und ablaufenden Sohlen von Stufe zu Stufe getragen worden war, ohne dass es jemals irgendjemand aufgesammelt hatte. Ich saugte den Kellereingang, wo wir letzte Woche mitten in einem Karton einen riesigen, allem Anschein nach menschlichen Kackhaufen gefunden hatten. Ein paar Tage vorher war ich vor dem Hauseingang einem suspekten glatzköpfigen Typen im Anzug begegnet, und dann weiter oben im Treppenhaus einem schnurrbärtigen Typen mit einem roten Slip, der schwitzte, als käme er gerade aus der Sauna. Auf Zehenspitzen lief er die Treppe runter Richtung Keller. Baptiste war den beiden wenig später auch begegnet. Suchen Sie die Kletterhalle?, hatte er gefragt, denn gleich nebenan ist eine Kletterhalle und es kommt oft vor, dass sich die Leute in der Tür vertun und bei uns landen. Ja, ja, wir gehen klettern, hatten Glatzkopf und Rot-Slip ihm versichert. Unser Haus ist natürlich kein Hotel, aber zu manchen Zeiten des Jahres wirkt es fast so, bei all den Leuten, die sich hier die Klinke in die Hand geben – Studenten, Handwerker, Finanzbeamte und Sportler jeden Alters und jeder Hautfarbe. Wen ich regelmäßig begegne und wiedererkenne, das ist ein Pärchen, zwei Männer, die Winter wie Sommer Muskelshirts tragen und in der Wohnung unter meiner wohnen. In sieben Jahren haben wir nicht ein Wort miteinander gewechselt. Der Größere, der allem Anschein nach trainiert, sieht hochnäsig aus. Er hat einen dichten, schwarzen Bart, der mich immer an eine Maske mit einem Loch für den Mund denken lässt – ein Eindruck, der wohl unserer Zeit geschuldet ist. Der Kleinere hebt nie den Blick von seinem iPhone und spielt ständig und mit besorgniserregendem Eifer Pokémon.
***
Die Kleine schlief. Baptiste würde nicht wie geplant wiederkommen. Das Auto, das er gekauft hatte, machte große Probleme, er hatte nicht einen Cent für die Reparatur und der Automechaniker aus der Werkstatt hatte nicht die richtige Anhängerkupplung für den Wohnwagen bestellt. Ich langweilte mich zu Tode, als aus den Fenstern der Nachbarn von unten Stimmen und Musik laut wurden und ich mich entschied, zu ihnen zu gehen. Ich stieg eine Etage hinunter und klopfte an ihre mit einem Regenbogen und einem gelben Smiley geschmückte Tür. Als sie mich erblickten, waren sie sehr verlegen. Entschuldigen Sie den Lärm. Ich antwortete: Nein, machen Sie sich keine Sorgen. Mir war langweilig und ich dachte, ich könnte ein Glas mit Ihnen trinken. Sie empfingen mich mit offenen Armen und boten mir einen Platz auf dem weißen Ledersofa an, in ihrer Mitte. Sie trugen wie immer Muskelshirts. Ein Ventilator war an, als wären es 50 Grad, was bei Weitem nicht der Fall war. Auf einem riesigen Bildschirm lief die Karaoke-Version eines Songs aus Indochina. Sie erklärten mir, dass sie so ihre Abende verbrachten: Sie spielten auf Twitch und davon wurde einem anscheinend verdammt heiß. Wir unterhielten uns ein bisschen, sehr nett, bei einem Glas falschem Martini. Wie habt ihr euch kennengelernt?, fragte ich. Auf einer Sexparty in Antwerpen, lächelte der große Bärtige. Ja, wir Schwulen, wir machen manchmal Sexpartys, entschuldigte sich der Kleine, der Randy hieß. Ah, ja, das dachte ich mir. Ich grinste. Aber organisiert ihr auch ab und zu welche hier?, fragte ich sie aus und beschrieb die Szene mit dem schwitzenden Rot-Slip im Treppenhaus. Sie zögerten kurz. Ja, der, das ist ein alter Bekannter, ein Milliardär, ein bisschen versaut. Er kommt einfach gern zu uns, warum genau, wissen wir nicht, aber an dem Tag hat er es übertrieben, da ist er zu weit gegangen, wir mussten ihn rauswerfen. Der Große zuckte mit den Schultern und goss mir noch einen falschen Martini ein. Ich erkundigte mich nicht weiter nach den überschrittenen Grenzen, sondern erzählte stattdessen von unserem Fund im Keller, dem riesigen Haufen Menschenkot in einem Karton. Oh nein, Randy, stell dir vor, der hat das wirklich gemacht, was für ein Idiot, ehrlich, dieser Typ, immer dieses Rachebedürfnis, sagte der große Bärtige zu Randy. Der setzt keinen Fuß mehr in unsere Wohnung, entschied Randy ernst. Wir lachten viel über Milliardäre, die in Pappkisten scheißen, fanden, dass es eine gute Sache war, dass wir uns endlich kennengelernt hatten, dass man manchmal nicht weit suchen muss, um neue Bekanntschaften zu machen, und dass das Leben manchmal schön war. Ich hatte einen ausgezeichneten Abend verbracht und ging leicht angetrunken die Stufen zu meiner Wohnung hinauf. Sehr inspiriert und gepackt von dem Bedürfnis, aus meiner altmodischen Weiblichkeit auszubrechen, machte ich Techno an, drehte die Musik auf volle Lautstärke und schnitt mir, im Dunkeln, die Haare viel zu kurz.
Liebe machen in der Wallonie
Ein Bürgeramt in der Wallonie besuchen