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Aurélie William Levaux 
2021C007

 

Tu vas bien me sucer et je vais bien te bouffer le cul, je me réjouis tant d’être contre toi ce soir, m’avait écrit Baptiste. Je ne l’avais plus vu depuis une quinzaine de jours. Avant, s’il ne me faisait pas d’allusions sexuelles, j’en étais traversée par de douloureuses angoisses. C’était donc qu’il exprimait ses envies ailleurs, me disais-je. Alors je forçais les choses par des questions qui tombaient très mal en général. Tu as encore envie de moi ? je l’interrogeais, plaintive, au téléphone, alors qu’il était à la poste en train d’envoyer un dossier pour un job. Je suis nue, on sappelle ? écrivais-je, alors qu’il changeait ses plaquettes de freins en pestant. J’avais, le temps passant, accepté que ça ne soit pas la démonstration de passion de façon permanente et évité de chercher à savoir s’il me désirait, même à distance. Et c’était quand j’étais la plus détachée et relax que survenaient ses manifestations d’ardeur, comme ce matin-là.

***

En prévision de nos ardentes retrouvailles, j’étais allée faire les courses chez Dinh, une Chinoise qui fumait beaucoup et avec qui j’entretenais des rapports cordiaux. J’avais changé les draps de lit et nettoyé la maison de fond en comble. La petite était rentrée chez son père pour quelques jours, avant que l’on ne reparte, qu’on parte pour de bon, sur les routes, tous ensemble, si tout allait bien. J’attendais Baptiste. Il était allé racheter une voiture d’occasion et remontait avec une caravane chargée de matériel. Je priais pour que tout se passe bien en chemin, pour une fois, qu’il n’y ait ni explosion ni perte d’huile, par exemple. J’avais beaucoup pensé à lui durant son absence, je me tracassais beaucoup pour son cas. J’avais l’impression qu’il portait tout le malheur du monde, incarnait la plus profonde galère et que notre combinaison n’arrangeait rien à ses soucis.

***

Le père de la petite m’avait appelée dans l’après-midi pour me dire qu’il avait trouvé un nouveau poste, un poste très convoité, il en était lui-même surpris parce qu’il n’avait pas franchement démarché pour, m’avait-il appris fièrement. Je l’avais félicité avec une boule dans le ventre. Si les boulots lui pleuvaient dessus, et même s’il était tout à fait inutile d’entrer dans ce genre de comparaison, c’était tout le contraire pour Baptiste, qui, lui, avait pourtant toutes les compétences et qualités requises pour remplir à peu près toutes les fonctions tant il avait eu de vies différentes, mais dont personne ne voulait pour une raison qui m’échappait. Ce monde n’est qu’injustice, seuls les médiocres sont engagés et relayés, c’est sans doute moins dangereux et humiliant pour les médiocres déjà en place, j’avais songé, avant de chasser cette affreuse idée pourtant très lucide. Félicitations, je suis très contente pour toi, j’avais répété, avec une voix plus sincère. Mais je ne tappelle pas pour ça, il avait continué, le père de ma fille. Je tappelle car jai un petit problème. J’avais attendu en silence. Le « petit problème » survenait toujours lorsqu’il la récupérait, c’était devenu tradition. Je ne peux pas la garder ce soir, jai une fête chez des collègues, il avait hésité. Je me disais que tu pourrais la reprendre, pour quelle ne reste pas seule chez moi, il avait terminé. Les retrouvailles avec Baptiste étaient fichues. J’avais repensé à ce que Dinh la Chinoise m’avait dit quelques heures auparavant : Souvent, on doit payer pour nos erreurs faites dans nos anciennes vies, ce nest pas notre faute, le savoir permet de vivre plus sereinement, mais surtout, les petits tracas peuvent parfois nous éviter de bien plus grands, il faut toujours se le rappeler.

 

Passer une dernière soirée en Wallonie

Tu vas bien me sucer et je vais bien te bouffer le cul, je me réjouis tant d’être contre toi ce soir, m’avait écrit Baptiste. Je ne l’avais plus vu depuis une quinzaine de jours. Avant, s’il ne me faisait pas d’allusions sexuelles, j’en étais traversée par de douloureuses angoisses. C’était donc qu’il exprimait ses envies ailleurs, me disais-je. Alors je forçais les choses par des questions qui tombaient très mal en général. Tu as encore envie de moi ? je l’interrogeais, plaintive, au téléphone, alors qu’il était à la poste en train d’envoyer un dossier pour un job. Je suis nue, on sappelle ? écrivais-je, alors qu’il changeait ses plaquettes de freins en pestant. J’avais, le temps passant, accepté que ça ne soit pas la démonstration de passion de façon permanente et évité de chercher à savoir s’il me désirait, même à distance. Et c’était quand j’étais la plus détachée et relax que survenaient ses manifestations d’ardeur, comme ce matin-là.

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En prévision de nos ardentes retrouvailles, j’étais allée faire les courses chez Dinh, une Chinoise qui fumait beaucoup et avec qui j’entretenais des rapports cordiaux. J’avais changé les draps de lit et nettoyé la maison de fond en comble. La petite était rentrée chez son père pour quelques jours, avant que l’on ne reparte, qu’on parte pour de bon, sur les routes, tous ensemble, si tout allait bien. J’attendais Baptiste. Il était allé racheter une voiture d’occasion et remontait avec une caravane chargée de matériel. Je priais pour que tout se passe bien en chemin, pour une fois, qu’il n’y ait ni explosion ni perte d’huile, par exemple. J’avais beaucoup pensé à lui durant son absence, je me tracassais beaucoup pour son cas. J’avais l’impression qu’il portait tout le malheur du monde, incarnait la plus profonde galère et que notre combinaison n’arrangeait rien à ses soucis.

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Le père de la petite m’avait appelée dans l’après-midi pour me dire qu’il avait trouvé un nouveau poste, un poste très convoité, il en était lui-même surpris parce qu’il n’avait pas franchement démarché pour, m’avait-il appris fièrement. Je l’avais félicité avec une boule dans le ventre. Si les boulots lui pleuvaient dessus, et même s’il était tout à fait inutile d’entrer dans ce genre de comparaison, c’était tout le contraire pour Baptiste, qui, lui, avait pourtant toutes les compétences et qualités requises pour remplir à peu près toutes les fonctions tant il avait eu de vies différentes, mais dont personne ne voulait pour une raison qui m’échappait. Ce monde n’est qu’injustice, seuls les médiocres sont engagés et relayés, c’est sans doute moins dangereux et humiliant pour les médiocres déjà en place, j’avais songé, avant de chasser cette affreuse idée pourtant très lucide. Félicitations, je suis très contente pour toi, j’avais répété, avec une voix plus sincère. Mais je ne tappelle pas pour ça, il avait continué, le père de ma fille. Je tappelle car jai un petit problème. J’avais attendu en silence. Le « petit problème » survenait toujours lorsqu’il la récupérait, c’était devenu tradition. Je ne peux pas la garder ce soir, jai une fête chez des collègues, il avait hésité. Je me disais que tu pourrais la reprendre, pour quelle ne reste pas seule chez moi, il avait terminé. Les retrouvailles avec Baptiste étaient fichues. J’avais repensé à ce que Dinh la Chinoise m’avait dit quelques heures auparavant : Souvent, on doit payer pour nos erreurs faites dans nos anciennes vies, ce nest pas notre faute, le savoir permet de vivre plus sereinement, mais surtout, les petits tracas peuvent parfois nous éviter de bien plus grands, il faut toujours se le rappeler.

 

Passer une dernière soirée en Wallonie