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Aurélie William Levaux 
2021C019

 

Nus et allongés sur le lit de la 212, Eric tenait Martine dans ses bras. En fait, c’est un problème de communication, ce ne sont pas les sujets qui sont délicats, mais ta manière de les aborder, tes méthodes ne sont pas bonnes et coincent l’autre dans un sentiment d’impuissance, il faut que tu le comprennes, avait dit Eric en passant la main dans les cheveux ébouriffés de Martine. Martine avait souri. En tout cas, on s’est bien retrouvés, c’est ça l’essentiel, avait-t-elle murmuré en se serrant contre son large torse poilu.

***

J’écrivais ça, dans ma tête alors que Baptiste et moi étions nus et allongés, comme Martine et Eric, mais sous une tente. La tente était installée au beau milieu d’une petite maison, minuscule, de la taille d’un garage. Il n’y avait pas d’électricité. La veille, nous avions été évacués, les inondations avaient déjà causé de grands dégâts et de nombreux morts, ne pas rester sur place semblait ce qu’il y avait de plus intelligent à faire. Nous avions préparé nos bagages en vitesse, rempli la voiture et filé la garer ailleurs, à la campagne, non loin de la caravane, pour ensuite nous rendre à l’enterrement de ma grand-mère.

***

Devant le cercueil blanc, les larmes étaient sorties, la douleur avait enfin fait son apparition. Je repensais avec tristesse à la dernière fois que je l’avais vue, ses grands yeux bleus me fixant comme un enfant perdu, remplis d’une douceur que je n’avais encore jamais perçue chez elle, si orgueilleuse et distante en temps normal. Je repensais à sa petite main fragile serrant la mienne. La maladie l’avait rendue humaine, toutes ses barrières et protections avaient sauté d’un coup. Je vais mourir, m’avait-elle dit. Je l’avais rassurée que non, elle ne mourrait pas de suite, bien sûr que non, pas si vite, qu’elle avait encore du temps devant elle, que je le savais. La semaine suivante, elle s’envolait.

***

Après la crémation, le faire-part de décès sur le pare-brise, un chapelet pendant au rétroviseur, le cœur lourd, nous étions partis avec la caravane, traversant des villages dévastés, marrons, boueux, passant devant des monticules de détritus, de voitures retournées, croisant des gens pelles, seaux et raclettes en main.

 

Retourner dans la chambre 212
Sillonner la Wallonie avec Baptiste et Aurélie

Nus et allongés sur le lit de la 212, Eric tenait Martine dans ses bras. En fait, c’est un problème de communication, ce ne sont pas les sujets qui sont délicats, mais ta manière de les aborder, tes méthodes ne sont pas bonnes et coincent l’autre dans un sentiment d’impuissance, il faut que tu le comprennes, avait dit Eric en passant la main dans les cheveux ébouriffés de Martine. Martine avait souri. En tout cas, on s’est bien retrouvés, c’est ça l’essentiel, avait-t-elle murmuré en se serrant contre son large torse poilu.

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J’écrivais ça, dans ma tête alors que Baptiste et moi étions nus et allongés, comme Martine et Eric, mais sous une tente. La tente était installée au beau milieu d’une petite maison, minuscule, de la taille d’un garage. Il n’y avait pas d’électricité. La veille, nous avions été évacués, les inondations avaient déjà causé de grands dégâts et de nombreux morts, ne pas rester sur place semblait ce qu’il y avait de plus intelligent à faire. Nous avions préparé nos bagages en vitesse, rempli la voiture et filé la garer ailleurs, à la campagne, non loin de la caravane, pour ensuite nous rendre à l’enterrement de ma grand-mère.

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Devant le cercueil blanc, les larmes étaient sorties, la douleur avait enfin fait son apparition. Je repensais avec tristesse à la dernière fois que je l’avais vue, ses grands yeux bleus me fixant comme un enfant perdu, remplis d’une douceur que je n’avais encore jamais perçue chez elle, si orgueilleuse et distante en temps normal. Je repensais à sa petite main fragile serrant la mienne. La maladie l’avait rendue humaine, toutes ses barrières et protections avaient sauté d’un coup. Je vais mourir, m’avait-elle dit. Je l’avais rassurée que non, elle ne mourrait pas de suite, bien sûr que non, pas si vite, qu’elle avait encore du temps devant elle, que je le savais. La semaine suivante, elle s’envolait.

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Après la crémation, le faire-part de décès sur le pare-brise, un chapelet pendant au rétroviseur, le cœur lourd, nous étions partis avec la caravane, traversant des villages dévastés, marrons, boueux, passant devant des monticules de détritus, de voitures retournées, croisant des gens pelles, seaux et raclettes en main.

 

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