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Réseau des Autrices

Résidences expérimentales

Réseau des Autrices

experimentelle Residenzen

Ana Cazor
022A007

 

Visite nocturne 1 bis

 

Le plafonnier est toujours cassé, les sons s’intervertissent.
Les pas tamisés du coureur de fond s’éloignent,
Plus loin que le contrebas de la chambre,
Lui aussi, il brave la nuit pour ne pas l’affronter.
Je ne voudrais pas le trahir.
D’autres vies se recouvrent et s’espacent,
Elles s’empilent.
Dans ma tête, le grand audioremplacement a commencé.

Je dirais que je suis l’homme statufié. 

Sons de la ville, d’une rue animée en pleine journée.
Fin d’après-midi ou début de soirée, ils hésitent pour le titre.
Je crois qu’ils viennent du couloir, mais c’est improbable.
Celui qui court a dépassé le carrefour,
Son tamisé, dépassé, il n’en restera pas grand-chose.

D’autres voix le chassent.
Elles s’emparent de la Rue de la Ville
Artère capitale des quartiers populaires boboïsés.
Ces mots-là, plus affirmés, effacent les tendres.
À l’assaut de ma tête. 

Je préfèrerais ne pas le vivre, protéger mon âme.

Quartier colline surplombant la ville,
Quartier vallonné avec ses terrasses bondées.
Je marche seul et c’est vain. 

Je suis un homme solitaire. 

Quand tout à coup, là, je l’aperçois, de l’autre côté de la butte.

ELLE EST LÀ

Je crains de rêver.
Je ne pense pas dormir. 

Les passants, tous les autres la voient, mais n’y prêtent pas attention.
Ils peuvent, comme moi, voir sa tête et ses épaules, de dos.
Et le haut de son buste, silhouette sensible, ne sait pas se dessiner.
Elle épouse l’ombre de ses bras et de ses cheveux.
Ils sont fins, presque filandreux. 

Le reste, ils ne peuvent pas le voir. 

Moi non plus, je ne le peux pas. 

Le reste est invisible pour les yeux.
Il est caché dans le plus bas de la butte.
Là où le regard ne porte pas.
Le béton masque la lumière. 

Ils n’y prêtent pas attention, 

Si ce n’est pas moi, qui viendra la chercher 

Apnée du cœur qui s’emballe, des fourmis pleins les membres, je remonte à la surface et mon cadavre se remet en branle. Dans la chambre 708, il est quatre heures et vingt-neuf minutes. 

Ana Cazor
022A007

 

Visite nocturne 1 bis

 

Le plafonnier est toujours cassé, les sons s’intervertissent.
Les pas tamisés du coureur de fond s’éloignent,
Plus loin que le contrebas de la chambre,
Lui aussi, il brave la nuit pour ne pas l’affronter.
Je ne voudrais pas le trahir.
D’autres vies se recouvrent et s’espacent,
Elles s’empilent.
Dans ma tête, le grand audioremplacement a commencé.

Je dirais que je suis l’homme statufié. 

Sons de la ville, d’une rue animée en pleine journée.
Fin d’après-midi ou début de soirée, ils hésitent pour le titre.
Je crois qu’ils viennent du couloir, mais c’est improbable.
Celui qui court a dépassé le carrefour,
Son tamisé, dépassé, il n’en restera pas grand-chose.

D’autres voix le chassent.
Elles s’emparent de la Rue de la Ville
Artère capitale des quartiers populaires boboïsés.
Ces mots-là, plus affirmés, effacent les tendres.
À l’assaut de ma tête. 

Je préfèrerais ne pas le vivre, protéger mon âme.

Quartier colline surplombant la ville,
Quartier vallonné avec ses terrasses bondées.
Je marche seul et c’est vain. 

Je suis un homme solitaire. 

Quand tout à coup, là, je l’aperçois, de l’autre côté de la butte.

ELLE EST LÀ

Je crains de rêver.
Je ne pense pas dormir. 

Les passants, tous les autres la voient, mais n’y prêtent pas attention.
Ils peuvent, comme moi, voir sa tête et ses épaules, de dos.
Et le haut de son buste, silhouette sensible, ne sait pas se dessiner.
Elle épouse l’ombre de ses bras et de ses cheveux.
Ils sont fins, presque filandreux. 

Le reste, ils ne peuvent pas le voir. 

Moi non plus, je ne le peux pas. 

Le reste est invisible pour les yeux.
Il est caché dans le plus bas de la butte.
Là où le regard ne porte pas.
Le béton masque la lumière. 

Ils n’y prêtent pas attention, 

Si ce n’est pas moi, qui viendra la chercher 

Apnée du cœur qui s’emballe, des fourmis pleins les membres, je remonte à la surface et mon cadavre se remet en branle. Dans la chambre 708, il est quatre heures et vingt-neuf minutes.