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Réseau des Autrices

Résidences expérimentales

Réseau des Autrices

experimentelle Residenzen

Ana Cazor 
2022A015

 

Sandales d’automne.

J’aurais voulu pousser jusqu’à l’Océan,
Mais j’ai le ventre trop ballant.

J’aurais voulu puiser encore de ta chaleur,
Respirer ton inénarrable sueur,
Mais dès le jour levé, tu t’es syncopée.

J’aurais voulu pouvoir te rassurer,
Mais d’emblée, tu t’es énervée,
Ça se voyait, tu tremblais.
Et moi, ça m’a bloqué.
Je n’ai même pas su me nommer.

Je pense à tes douleurs de femme blessée.
Dors profondément jusqu’à ne plus comprendre.
Et moi, pendant ce temps, j’ai froid aux pieds.
J’aimerais à nouveau être chaussé.
Je reviens sur mes pas…
Je croise les peignoirs du matin qui vont se baigner.
Ils n’ont pas petit-déjeuné.

Ça me donne une idée…

Certains vont jusqu’à la piscine,
D’autres partent vers l’Océan.

J’aurais voulu pousser là-bas,
Mais j’ai le ventre trop ballant.
Et puis l’Océan, c’est quand même assez grand.

 

À l’abord de la piscine, les femmes se préparent à aller nager. Il y a deux hommes aussi, mais surtout des femmes. Je regarde leurs pieds. Elles portent des sandales de guerrière, des sandales d’automne. Certaines sœurs nagent déjà, d’autres traînent ostensiblement, elles comparent leurs muscles, échangent des images à coller dans les cahiers. Il faudrait qu’elles aient toutes plongé, je serais tranquille alors. Plus aucune ne se tiendrait sur le bord.

Moi, je ne sais pas nager.
Je ne vais pas me baigner.
Je suis l’homme tortue,
Je m’approche doucement,
Il ne faut pas leur faire peur.
Ne pas risquer de les faire tomber, les femmes…
De là où je suis, je vois mal.

La plupart des femmes ont de petits pieds.
Pour ma part, je chausse du 41,
Le 42, c’est parfois mieux.
L’idéal, une demi-pointure,
C’est rare d’en trouver.
J’avance tranquillement.
Je regarde les deux hommes.
C’est bien aussi.
Ils vont nu-pieds, sans gêne.
Ils n’ont pas de maillots de bain.

Je devrais peut-être pousser jusqu’à l’Océan ?
Mais ce matin, c’est pour moi un peu trop grand.

Ana Cazor
2022A015

Sandales d’automne.

J’aurais voulu pousser jusqu’à l’Océan,
Mais j’ai le ventre trop ballant.

J’aurais voulu puiser encore de ta chaleur,
Respirer ton inénarrable sueur,
Mais dès le jour levé, tu t’es syncopée.

J’aurais voulu pouvoir te rassurer,
Mais d’emblée, tu t’es énervée,
Ça se voyait, tu tremblais.
Et moi, ça m’a bloqué.
Je n’ai même pas su me nommer.

Je pense à tes douleurs de femme blessée.
Dors profondément jusqu’à ne plus comprendre.
Et moi, pendant ce temps, j’ai froid aux pieds.
J’aimerais à nouveau être chaussé.
Je reviens sur mes pas…
Je croise les peignoirs du matin qui vont se baigner.
Ils n’ont pas petit-déjeuné.

Ça me donne une idée…

Certains vont jusqu’à la piscine,
D’autres partent vers l’Océan.

J’aurais voulu pousser là-bas,
Mais j’ai le ventre trop ballant.
Et puis l’Océan, c’est quand même assez grand.

À l’abord de la piscine, les femmes se préparent à aller nager. Il y a deux hommes aussi, mais surtout des femmes. Je regarde leurs pieds. Elles portent des sandales de guerrière, des sandales d’automne. Certaines sœurs nagent déjà, d’autres traînent ostensiblement, elles comparent leurs muscles, échangent des images à coller dans les cahiers. Il faudrait qu’elles aient toutes plongé, je serais tranquille alors. Plus aucune ne se tiendrait sur le bord.

Moi, je ne sais pas nager.
Je ne vais pas me baigner.
Je suis l’homme tortue,
Je m’approche doucement,
Il ne faut pas leur faire peur.
Ne pas risquer de les faire tomber, les femmes…
De là où je suis, je vois mal.

La plupart des femmes ont de petits pieds.
Pour ma part, je chausse du 41,
Le 42, c’est parfois mieux.
L’idéal, une demi-pointure,
C’est rare d’en trouver.
J’avance tranquillement.
Je regarde les deux hommes.
C’est bien aussi.
Ils vont nu-pieds, sans gêne.
Ils n’ont pas de maillots de bain.

Je devrais peut-être pousser jusqu’à l’Océan ?
Mais ce matin, c’est pour moi un peu trop grand.