Neïtah Janzing
2022A037
On se rejoint
par une fraîche journée d’automne
sur le quai U3 de Gleisdreieck.
Première visite de la station.
Trouver un endroit où se poser
entre les étages de rails et de quais.
Une des lignes est en travaux;
train de marchandises orange arrêté,
vieux barbu qui gère que personne n’y entre
nous regarde suspicieusement.
Les vestes oranges plus loin,
mouvements éparpillés sur les rails.
On s’assoit
là où c’est calme
peur du mouvement
du bruit
de l‘interruption.
Là où le soleil
même pâle
brille sur nos visages.
Elle me raconte le gouffre,
celui qu‘elle aurait aimé creuser
dans des textes audios laissés ici et là
au travers du chantier de l’hôtel
là où les textes se fondent
se reprennent
se logent.
On parle de la Suisse
où son texte sera présenté,
de l‘écriture en langue étrangère
l‘écriture animalière
les lieux, l‘espace
chattes.
On parle de la jalousie
qui s‘immisce
violente
entre les personnes
les accomplissements
les joies.
On parle de la mémoire des gares
des souvenirs couteaux
qui en nous se poignardent,
traces sanglantes d’amours
mirages.
Recouvrir les souvenances d’un manteau d’amitié,
de la chaleur d’un thé sur le quai d’une gare.