Depuis notre départ de la Belgique, on avait fait de nombreuses dates de concert, enchaîné du stress, du montage et démontage de matériel, des enroulages de câbles à n’en plus finir, des rencontres et des nuits trop courtes. À chaque fois, avant de grimper sur scène, pour me donner le courage d’affronter le public, je pensais à ma grand-mère, au pass sanitaire, aux fermetures de frontières. De toute façon, c’est la fin du monde, qu’est-ce que ça peut faire de chanter faux et de se foutre la honte quand c’est la fin du monde, je pensais toujours, en prenant une grande inspiration. Les spectacles de la fin du monde avaient été appréciés et avaient apporté un peu de joie dans la dépression sociétale, on n’avait pas fait ça pour rien, c’était déjà bien. On pourra se reposer bientôt, m’avait dit Baptiste en quittant Anduze. Et faire l’amour, aussi, j’avais ajouté. Il avait caressé ma cuisse sale et plaquante de sueur. Oui, on aura deux trois jours pour ça, le camping le plus proche n’est qu’à une heure, il reste une seule petite heure avant de se déshabiller et de se foutre dans la flotte, et ensuite tu auras largement le temps pour écrire, il m’avait promis.
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Alors que Baptiste manœuvrait avec grande difficulté la voiture souffreteuse tirant la caravane, dans le petit chemin rocailleux indiqué par le GPS, j’avais aperçu, devant nous, un oiseau incroyable, un oiseau long et fin, noir et blanc, gracieux et magnifique, son bec finissait en espèce de petite trompette. Je n’avais jamais vu un animal si beau, il ressemblait à un papillon. À un grand papillon avec une coiffure bizarre. J’avais poussé un petit cri. Waouh, t’as vu ? j’avais demandé à Baptiste avec émotion. Baptiste avait poussé lui aussi un cri. Waouh, meeeerde ! il avait hurlé. À l’intonation de son Waouh, j’avais tout de suite compris qu’on ne réagissait pas du tout à la même découverte. Un immense trou barrait la route. L’oiseau, qui initialement était dans cet immense trou, et ça ne m’avait pas marquée du tout, venait de s’envoler. Au loin, on pouvait voir le panneau signalant que le petit chemin était en réalité une impasse. Tandis que Baptiste faisait marche-arrière, au bord de la crise de nerfs, je décidai de taire cette affaire de bel oiseau rare et de mon très sélectif et pas pragmatique du tout sens de l’observation.
Aller dans le camping se baigner et faire l’amour
Retourner en Wallonie et faire l’amour
Rester au camping et écrire
Aurélie William Levaux
2021C012
Aus dem Französischen von Marie Heck
Seit unserer Abfahrt aus Belgien hatten wir viele Konzerttermine und dann Stress gehabt, Bühnen auf- und abgebaut, endlos Kabel aufgerollt, zu kurze Begegnungen und Nächte erlebt. Um mir das Lampenfieber zu nehmen, dachte ich jedes Mal, bevor ich auf die Bühne stieg, an meine Großmutter, an den Gesundheitspass, an die Schließung der Grenzen. Es ist sowieso das Ende der Welt. Was macht das schon, wenn man falsch singt oder sich blamiert, wenn die Welt untergeht, dachte ich immer und atmete tief durch. Die Endzeit-Vorstellungen gefielen und brachten ein bisschen Freude in die allgemeine gesellschaftliche Depression, wir haben das alles nicht umsonst gemacht, das war schonmal gut. Wir können uns bald ausruhen, hatte Baptiste mir gesagt, als wir Anduze verließen. Und Liebe machen, fügte ich hinzu. Er streichelte meinen dreckigen und schweißverklebten Oberschenkel. Ja, dafür werden wir zwei, drei Tage haben, der nächste Campingplatz ist nur eine Stunde entfernt, nur eine Stunde, bevor wir uns ausziehen und ins Wasser springen können, und danach hast du genug Zeit zum Schreiben, versprach er mir.
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Baptiste lenkte mit großer Mühe das olle Auto mit dem Wohnwagenanhänger über den holprigen Weg, den das Navi anzeigte. Da bemerkte ich vor uns einen außergewöhnlichen Vogel, einen langen, dünnen, schwarz-weißen Vogel, anmutig und wunderschön, sein Schnabel mündete in einer Art kleiner Trompete. Ich hatte noch nie so ein schönes Tier gesehen, er sah aus wie ein Schmetterling. Ein großer Schmetterling mit einer komischen Frisur. Ich stieß einen leisen Schrei aus. Wow, hast du das gesehen?, fragte ich Baptiste aufgewühlt. Auch Baptiste stieß einen Schrei aus. Wow, scheißeeee!, brüllte er. An der Betonung seines Wow erkannte ich sofort, dass wir nicht auf dieselbe Entdeckung reagierten. Ein riesiges Loch versperrte den Weg. Der Vogel, der sich zuvor in diesem riesigen Loch befunden haben musste, was mir überhaupt nicht aufgefallen war, flog weg. In der Ferne konnte man das Straßenschild mit dem Hinweis sehen, dass der kleine Weg in Wirklichkeit eine Sackgasse war. Während Baptiste am Rande eines Nervenzusammenbruchs den Rückwärtsgang einlegte, beschloss ich, die Geschichte mit dem schönen seltenen Vogel und meinem sehr selektiven und überhaupt nicht pragmatischem Beobachtungssinn für mich zu behalten.
Auf dem Campingplatz schwimmen gehen und Liebe machen
In die Wallonie zurückkehren und Liebe machen
Auf dem Campingplatz bleiben und schreiben