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SEPT : affects
Sarah-Louise Pelletier-Morin
2023HDA107

 

 

 

Quand je n’arrive pas à écrire, tout me tape sur les nerfs. Je deviens agressive.

 

*

 

 

*

 

Le dimanche, je suis déprimée. Même s’il fait beau, même si je suis ailleurs dans le monde. Même si les jours de la semaine n’ont aucune incidence sur mon existence. Rien n’y fait. Cela me renvoie toujours à ce dimanche, 2003. La déprime ralentit le rythme d’écriture, inhibe le canal créatif.

 

*

 

Une vieille amie d’enfance avec qui j’ai coupé les ponts publie un roman punk sur sa vie complètement débridée en même temps que mon livre de poésie paraîtra. Je me sens minable avec mes poèmes sur la végétation, et je rumine : n’aurais-je pas dû vivre des choses pour les écrire ?

 

*

 

La honte : écrire sur moi. Regretter une tournure de phrase; ça me réveille la nuit.

 

*

 

Est-ce que ça vaut la peine ?

 

*

 

Je n’ose pas rouvrir le document sur mes poèmes que j’ai envoyé à mon éditrice. Je voudrais sans doute tout changer.

 

*

 

 

*

 

Souvent je n’ai pas répondu à l’appel d’ami·e·s proches pour ne pas perdre une idée. Souvent j’ai préféré rester seule plutôt que de passer une soirée avec la famille ou des ami·e·s.

 

*

 

 

*

 

Jamais de satisfaction. Peu de fierté par rapport à l’écriture.

 

*

 

 

*

 

J’ai perdu des ami·e·s.

 

*

 

SON RAPPORT À L’ÉCRITURE A CHANGÉ. SI AVANT IEL VENAIT COMBLER DES MANQUES ET SE SENTAIT INVESTI·E D’UNE MISSION – MAINTENANT TOUT EST FLOU ET SON RÔLE INDÉFINI. IEL AIMERAIT LAISSER ALLER SON ESPRIT À QUELQUE CHOSE DE NOUVEAU ET DE SINCÈRE, MAIS SURTOUT D’INCONFORTABLE ET DE DÉRANGEANT : D’INATTENDU. (GB)

 

*

 

Insupportable de relire ce que j’ai écrit; par ex. le texte pour l’Hôtel des Autrices.
Insupportable de découvrir une coquille ou une phrase alambiquée (honte).

 

*

 

 

*

 

Impossible d’écrire quand la vie nous possède. Par exemple, durant une crise de larme ou un accès de colère. Il faut un peu de recul par rapport aux émotions.

 

*

 

S’il fallait choisir entre les différents types de tristesse, on opterait pour la mélancolie. Mais l’angoisse demeure tout de même à privilégier, c’est elle qui rend le plus créative.

 

*

 

SEPT : affects
Sarah-Louise Pelletier-Morin
2023HDA107

 

 

 

Quand je n’arrive pas à écrire, tout me tape sur les nerfs. Je deviens agressive.

 

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Le dimanche, je suis déprimée. Même s’il fait beau, même si je suis ailleurs dans le monde. Même si les jours de la semaine n’ont aucune incidence sur mon existence. Rien n’y fait. Cela me renvoie toujours à ce dimanche, 2003. La déprime ralentit le rythme d’écriture, inhibe le canal créatif.

 

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Une vieille amie d’enfance avec qui j’ai coupé les ponts publie un roman punk sur sa vie complètement débridée en même temps que mon livre de poésie paraîtra. Je me sens minable avec mes poèmes sur la végétation, et je rumine : n’aurais-je pas dû vivre des choses pour les écrire ?

 

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La honte : écrire sur moi. Regretter une tournure de phrase; ça me réveille la nuit.

 

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Est-ce que ça vaut la peine ?

 

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Je n’ose pas rouvrir le document sur mes poèmes que j’ai envoyé à mon éditrice. Je voudrais sans doute tout changer.

 

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Souvent je n’ai pas répondu à l’appel d’ami·e·s proches pour ne pas perdre une idée. Souvent j’ai préféré rester seule plutôt que de passer une soirée avec la famille ou des ami·e·s.

 

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Jamais de satisfaction. Peu de fierté par rapport à l’écriture.

 

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J’ai perdu des ami·e·s.

 

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SON RAPPORT À L’ÉCRITURE A CHANGÉ. SI AVANT IEL VENAIT COMBLER DES MANQUES ET SE SENTAIT INVESTI·E D’UNE MISSION – MAINTENANT TOUT EST FLOU ET SON RÔLE INDÉFINI. IEL AIMERAIT LAISSER ALLER SON ESPRIT À QUELQUE CHOSE DE NOUVEAU ET DE SINCÈRE, MAIS SURTOUT D’INCONFORTABLE ET DE DÉRANGEANT : D’INATTENDU. (GB)

 

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Insupportable de relire ce que j’ai écrit; par ex. le texte pour l’Hôtel des Autrices.
Insupportable de découvrir une coquille ou une phrase alambiquée (honte).

 

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Impossible d’écrire quand la vie nous possède. Par exemple, durant une crise de larme ou un accès de colère. Il faut un peu de recul par rapport aux émotions.

 

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S’il fallait choisir entre les différents types de tristesse, on opterait pour la mélancolie. Mais l’angoisse demeure tout de même à privilégier, c’est elle qui rend le plus créative.

 

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