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FATAL·E OU L'IMPOSSIBLE PHANTASME​

(Gorge Bataille aka Élodie Petit)

FATAL.e ODER EINE UNMÖGLICHE TRÄUMEREI

(Gorge Bataille
aka Élodie Petit)

ON PASSE NOTRE TEMPS À SE RACONTER - PLUS ON S’ÉNONCE, PLUS ON DÉMEMBRE NOS VIES AMOUREUSES ET CRÉATIVES - JUSQU'AU VIDE. AINSI, FATAL·E DÉSESPÈRE DE SE VOIR DISPARAÎTRE, FAILLIR À ELLUI-MÊME.

IMMER WIEDER HABEN WIR UNS GEGENSEITIG DIE HERZEN AUSGESCHÜTTET – JE MEHR WIR VON UNS PREISGEGEBEN HABEN, UMSO MEHR HABEN WIR UNSERE LEBEN ALS LIEBENDE UND KREATIVE AUSEINANDERGENOMMEN – BIS NICHTS MEHR DA WAR. SO IST FATAL.E DARAN VERZWEIFELT, PEU À PEU ZU VERSCHWINDEN, XIER SELBST NICHT GERECHT ZU WERDEN.

HORS-LÀ

HORS-LÀ

17 mai. Tu ne m’écris pas et je trouve ça dommage. J’ai assez d’estime de moi pour savoir que ce n’est pas le propos. J’aime vieillir pour cette raison-là, sinon ça n’a pas d’intérêt.

17 mai. Du schreibst mir nicht und das finde ich schade. Ich habe genug Selbstachtung, um zu wissen, dass es darum nicht geht. Aus diesem Grund werde ich gerne älter, ansonsten ist es weniger interessant.

19 mai. Je passe une journée exceptionnelle, déconnectée de tout, proche de la nature et loin de tous drames. Je marche en direction de la rivière. Je découvre le mot JOMO = JOY OF MISSING OUT. Je suis surexcitée de cette trouvaille et me sens effectivement libérée et en paix de ne pas être présente pour les prochains événements.

19 mai. Ich verbringe einen außergewöhnlichen, von allem losgelösten Tag mitten in der Natur und weit weg von irgendwelchen Dramen. Ich gehe zum Fluss. Entdecke das Wort JOMO = JOY OF MISSING OUT und bin ganz aus dem Häuschen. Ich fühle mich tatsächlich befreit und bin froh, an den kommenden Veranstaltungen nicht teilzunehmen.

21 mai. Phénomène rare : la lueur cendrée autour de la lune. Les marées sont très fortes. J’ai passé une partie de la nuit éveillée à regarder l’étoile polaire. Elle brillait comme jamais.

21 mai. Ein seltenes Phänomen: der aschfahle Lichtkranz um den Mond. Die Gezeiten sind besonders stark. Ich war einen Teil der Nacht wach und habe den Polarstern betrachtet. Er funkelte wie nie.

22 mai. Depuis que j’ai goûté à l’eau de la rivière, je me sens envahie de tous les possibles. Je ne sais pas pourquoi j’aime autant y retourner. Des fois, je ris seule. Je prends une bouteille et remplis le récipient de cette eau fraîche et montagneuse. Je me sens à ma place proche de cette artère de roche et d’eau claire. Les larmes de mes yeux sont connectées à celles du cours d’eau. Mes mains mouillées ne le sont plus une fois plongées dans l’eau. Mon secret est le sien. Nous sommes pareil·les.

22 mai. Seitdem ich das Wasser vom Fluss getrunken habe, fühle ich mich von sämtlichen Möglichkeiten durchdrungen. Ich weiß nicht, warum es mich immer wieder dort hinzieht. Manchmal lache ich allein. Ich nehme eine Flasche mit und fülle sie mit dem frischen Bergwasser. Ich fühle mich wohl an dem Gebirgsbach mit dem klaren Wasser. Die Tränen meiner Augen und die Tränen des Wasserlaufs sind miteinander verbunden. Meine Hände sind nicht mehr feucht, sobald ich sie ins Wasser tauche. Mein Geheimnis ist sein Geheimnis. Wir sind eins.

23 mai. Je suis remplie de ce désir de vivre et de manger des pierres.

23 mai. Es drängt mich danach zu leben und danach, Steine zu essen.

25 mai. J’ai de la fièvre depuis deux jours ; je me sens souffrante, ou plutôt je me sens triste. Une tristesse irrecevable et bouleversante qui prend racine au centre de mon corps. Des cheveux poussent sur mes joues et j’ai l’impression que ma langue fond. D’où viennent ces douleurs mystérieuses qui changent l’apparence et notre confiance en détresse ? L’air est invisible et plein d’inconnaissables Puissances dont nous subissons les alertes mystérieuses. La masse des fluides de l’univers est égale au poids de la terre + les nuages + les larmes de mon corps.

25 mai. Ich habe seit zwei Tagen Fieber; ich spüre Schmerzen oder vielmehr Traurigkeit. Eine unzulässige und erschütternde Traurigkeit, die sich in meiner Körpermitte einnistet. Auf meiner Wange wächst ein Flaum und ich habe das Gefühl, meine Zunge würde schmelzen. Woher kommen die seltsamen Schmerzen, die unser Aussehen verändern und unsere Zuversicht in Not verwandeln? Die Luft ist unsichtbar und voller unergründlicher MÄCHTE, deren rätselhafte Warnsignale wir erdulden. Die Fließmassen des Universums = Gewicht der Erde + Wolken + Tränen meines Körpers

26 mai. Pourquoi moi ? – Je descends le long de l’eau ; et soudain, après une courte promenade, je rentre désolée, comme si une présence m’attendait chez moi. Je dois retrouver cette présence. Depuis quatre jours, je ne me sens plus jamais seule. Un frisson frôle ma peau, ébranle mes nerfs et assombrit mon âme.

26 mai. Warum ich? – Ich folge dem Flusslauf; nach einem kurzen Spaziergang kehre ich plötzlich untröstlich um, als würde mich zu Hause ein Wesen erwarten. Ich muss zu ihm zurück. Seit vier Tagen fühle ich mich keine Sekunde allein. Ein Schauder läuft mir über den Rücken, zerrüttet meine Nerven und verfinstert meine Seele.

27 mai. J’en n’ai plus rien à foutre de tout. Mon chien a une tête de perruche et son pelage est en poils de plumes, vert foncé + jaune. Son visage est plat. C’est une chimère magnifique, presque une gravure en mouvement. Son visage je le vois. Il est élégant et expressif. Dément.

27 mai. Inzwischen ist mir alles scheißegal. Mein Hund hat den Kopf eines Wellensittichs und statt Fell Federn, dunkelgrün + gelb. Sein Gesicht ist flach. Eine prachtvolle Einbildung, beinah ein lebendiges Gemälde. Ich sehe sein Gesicht vor mir. Es ist elegant und ausdrucksstark. Verrückt.

28 mai. Cette nuit, j’ai senti quelqu’une accroupie sur moi, et qui, sa bouche sur la mienne, buvait ma vie entre ses lèvres. Iel puisait dans ma gorge, comme aurait fait une sangsue. Puis iel s’est levé·e, repu·e, et moi je me suis réveillée, meurtrie, brisée, soulagée.

28 mai. Heute Nacht spürte ich eine Kreatur auf mir hocken. Sie presste ihren Mund auf meinem und schlürfte mein Leben. Xier saugte mich aus wie ein Blutegel. Dann war xier satt und stand auf, und ich kam zu mir, gebeutelt, gebrochen, erleichtert.

5 juin. Figurez-vous un·e personne qui dort, qu’on assassine, et qui se réveille, avec un couteau dans le poumon, et qui râle couvert·e de sang, et qui ne peut plus respirer, et qui va mourir, et qui ne comprend pas – voilà.

5 juin. Stellt euch eine Person vor, die schläft, die gerade getötet wird, die wach wird mit einem Messer in der Lunge, die voller Blut ist, die röchelt und keine Luft mehr bekommt, die sterben wird und es nicht kapiert – voilà.

7 juin. Je loue un appartement dans le 10è à Paris, pour 610 euros. L’appart est encore dans son jus. Une vieille dame habitait là avant. Derrière un paravent, il y a encore son fauteuil roulant. Dans la salle de bain, il y a du sang dans la baignoire, du papier peint partout. Il fait assez sombre comme dans un entre-sol, comme si la lumière venait d’une lucarne, en rayon précise, sans être diffuse. Le lavabo de la cuisine est sur une estrade. Même si c’est glauque, je suis heureuse de me retrouver seule dans un espace.

7 juin. Ich miete eine Wohnung im 10. Arrondissement von Paris für 610 Euro. Die Wohnung ist noch nicht renoviert. Vorher wohnte eine alte Dame hier. Ihr Rollstuhl steht noch hinter einem Paravent. In der Badewanne ist Blut, die Wände sind tapeziert. Es ist ziemlich dunkel, wie im Hochparterre, als käme das Licht nicht diffus, sondern gebündelt durch eine Luke. Das Spülbecken in der Küche steht auf einem Podest. Auch wenn die Wohnung düster ist, macht es mich glüXlich, einen Ort ganz allein für mich zu haben.

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