Ce que tout ça peut être cryptique. J’ai besoin d’air. Je ne sais pas ce qui m’a fait concevoir ce passage en songe. Je m’insère dans les murs pour trouver une issue. L’escalier de l’aile E et celui du donjon ont disparu. C’est un nouveau tunnel. J’ai traîné mon sac et enfilé mes chaussures pour éviter l’inconfort de mes rêves. Je marche dans cet espace qui rapetisse à mesure que je m’enfonce. Il faut que je me mette à quatre pattes, puis à ramper en poussant mon sac au-devant de moi. J’arrive à cet endroit où le sol et le plafond se rejoignent et je bute au bout du tunnel. Je braille et hurle encore à qui peut m’entendre, avant de ramper difficilement de reculons pour rejoindre l’agrandissement du tunnel. Je pourrais me laisser mourir de désespoir dans ce passage, mais ça me ressemble peu. Je me relève et fais demi-tour. De retour à la chambre, je vais dans le tiroir de la cuisinette chercher des couteaux et des fourchettes qui me seront peut-être utiles, je me dis stupidement, si je commence à entailler le sol. Je suis une prisonnière qui va se creuser son évasion. Je retourne au tunnel, qui a repris la forme de l’aile E. Je grogne, mais décide de monter quand même cet escalier cylindrique qui ressemble à un grand sablier. Je me demande si mon sac a disparu, avalé par ce tunnel en cul-de-sac. Il ne me reste plus que mon calepin. J’ai perdu mon ordinateur. Et peut-être qu’il me reste trois carottes dans le mini-frigo de la chambre 44. J’essaie les poignées, mais toutes les serrures sont encore barrées. Cette fois, même la E-1027 est verrouillée. Je redescends l’escalier cylindrique et retourne dans la salle de bain. Les miroirs me montrent sale et pleine de terre.
Cette fois-ci l’escalier vers le donjon est de retour. Je le descends. Je hume l’air rafraîchi de la cave qui se fait sentir depuis le haut des marches. Je me creuse une tombe en descendant l’escalier. L’air a un goût de champignons et de racines. Je connais ce lieu puisque je l’ai descendu une première fois. En temps normal, j’aurais aussi peur de ce cliché de la femme qui descend dans la cave, il appartient aussi à l’imaginaire de l’horreur répétitif. Elle se dirige droit vers le monstre. On entendra encore ses cris depuis le rez-de-chaussée, peut-être depuis l’étage. Elle trouvera dans cette cave, une petite fenêtre pour s’échapper, une fenêtre trop serrée pour son corps. Pendant qu’elle continuera de creuser, à essayer de sortir de cette brèche, le monstre sera réveillé. Elle réussira à mettre la main dehors, toucher le sol de l’autre côté, et s’avancer pour se retirer complètement, et la bête sera très proche de la fenêtre. Ses fesses sautilleront par l’embrasure et le monstre sera derrière elle. Je m’imagine toujours des scénarios de ce genre. Mais ce ne sont que des scénarios et je suis entre les murs. J’arrive à ce que je crois être le dernier sol. Revois les ruines de mon dernier songe. Ce plafond et les poutres qui le soutiennent. Il y a quelque chose ici-bas que l’on ressent comme si l’on était dans les entrailles de quelque chose. Je dirais la Terre ou l’Histoire. Mais je préfère les choses qui ne sont pas écrites par des hommes. La Terre alors. J’avance sur ce sol poussiéreux, espérant ne pas tomber plus creux. Puis je trouve cette vieille porte de bois qui s’ouvre sur quelques marches. Je traverse, et tombe sur ces deux autres portes qui s’ouvrent, cette fois-ci à l’horizontale, au-dessus de moi. Je soulève celle de droite, et me retrouve au milieu d’une cabane dont le plafond est constitué de fenêtres. C’est humide, il y a des plantes qui poussent tout autour de moi.
Pousser la porte horizontale
Rejoindre la femme aux jolis yeux
Explorer l’hôtel