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Tamisha est aux petits soins avec moi, elle me fait des tisanes. J’ai essayé de manger, mais je suis encore malade si j’avale quoi que ce soit. Je reste couchée dans son lit. Je la trouve splendide, vraiment fascinante, tout ce qu’elle fait. J’ai toujours trouvé les rapports de domination sexuelle intéressants, surtout s’ils vont à l’encontre des normes genrées qui veulent que l’homme soit dominateur.
« Beaucoup de mes clients américains sont des chefs d’entreprise, des hommes de pouvoir dans la vie, mais qui veulent se faire soumettre dans leurs sexualités. Il y en a qui aiment se faire humilier. Je pense que ça vient beaucoup d’une espèce de conscience que leurs privilèges viennent avec des effets collatéraux. »
Je ne suis jamais tout à fait sûre de ses sarcasmes, et j’adore ça.
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Je m’endors un instant et rêve à Madame Dou. Nous sommes à l’hôtel, mais il me semble que c’est avant que j’arrive, peut-être dans un passé proche. Nous sommes assises dans les estrades de la cour intérieure devant un spectacle. Je ne reconnais pas les comédiennes. Il y a un grand rassemblement, on semble être heureuses. Puis Madame Dou me demande de l’accompagner à sa cabane. Nous nous levons au milieu des autres femmes assises, je m’excuse. Nous sortons par le chemin Est, qui va vers la forêt. Croisons quelques oiseaux en marchant vers un versant plus au Sud, entre la serre et la tente Est. Puis j’aperçois sa cabane. Elle ressemble à la maison de ma mère, celle où elle a vécu étant enfant. Où je ne suis jamais entrée parce qu’elle ne lui appartenait plus. Mais que je reconnais toujours parce qu’au bout de ce rang, dans le champ qui va de la maison maternelle au shack de mon grand-père. Elle est blanche et minuscule, quand je pense aux six enfants que ma grand-mère y a élevés. Je me remémore ma mère peut-être parce que Madame Dou est englobante. On entre dans un petit salon très coquet, avec deux télés. Une ancienne analogique, qui laisse toujours un filet de son et qui ferme en éteignant l’image par le milieu, et une moins vieille. Sur la jeune télé, il y a des images de mon enfance avec la famille. Puis en avançant, on se retrouve devant un escalier qui nous amène vers les pièces. Trois chambres se trouvent à l’étage, la mienne est la première, j’ai perdu ma clé. Madame Dou a un passe-partout. Je vais à ma chambre, Madame Dou dans la sienne adjacente. On se met en maillots de bain parce qu’elle veut aller se baigner. Elle est très vieille, plus que dans mon souvenir, je l’ai aidée à monter les marches. Elle se change et arrive à ma chambre qui est très en désordre. J’arrête de me dévêtir pour lire les messages qui sont arrivés dans un panier. Une boîte ? Un message anonyme et autre chose, je ne sais plus.
Qui est donc Madame Dou ? Comment est-elle arrivée ici ? Est-elle une sorte d’ancienne béguine ou une sorcière qui n’est jamais décédée ?
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