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Ariane Lessard
2021B029

Après les pratiques du matin dans la piscine, on va dans le sauna avec l’équipe. C’est toujours moi qui verse l’eau sur les pierres. Je contrôle la température. Lin revient d’être allée porter Madame Dou à sa chambre et ramène la tisane. On essaie une nouvelle herbe de temps en temps. Nous nous assoyons toutes ensemble avec l’équipe, et nous nous passons le breuvage. Depuis nos vaccinations, nous avons repris les séances dans la piscine. Ça nous a soulagées de pouvoir recommencer nos activités ensemble.

Il a fallu se tenir tranquilles quelque temps, aller au jardin une à la fois. Je me suis sentie bien seule dans la maison avec Madame Dou. Heureusement il y avait les télés. Lin s’assoit et boit puis passe la tasse à Wen qui me la tend. Ahn Jiao et Lan terminent le contenu et Lan dépose la tasse. Je verse de l’eau sur les pierres.

Je transpire jusqu’au bout de mes mamelons. Nous sommes ensemble dans notre nid. Au chaud.

« Madame Dou est de plus en plus rabougrie, elle devient de plus en plus petite, bientôt, on pourra la tenir dans la main. » Nous rions avec Lin.

« La fille blanche, elle a fabriqué un costume de peau d’aloès, elle disait “je suis piquée je suis piquée” et en fait, elle était juste stone. » Nous rions aussi avec Wen. J’inspire cet air humide qui me brûle l’intérieur des narines. Nous prenons le temps d’être silencieuses.

Mes pieds sont solides dans leurs plantes. Ils sont troncs. Et mes cheveux courts, des feuilles. Je bouge le bras qui se meut vers la cuillère, referme sa tentacule dessus et plonge dans le bac d’eau. Je déverse les gouttes très lentement dans une observation minutieuse de toutes les gouttelettes. Le temps est ralenti. Je les regarde dévaler lentement le bois et exploser en tombant sur les pierres. Chaque crépitement me donne un frisson. J’ai le dos qui colle au bois du banc. Je ne perçois plus les autres dans le brouillard. C’est toujours le moment que je préfère. Dès qu’on ne se voit plus.

Je sens toutes les gouttes qui tombent de moi. J’ai un océan sous les seins. Je me concentre sur mes pulsations, les calme. Je suis une bulle qui flotte dans la vapeur. La piscine est devenue mouvante, elle nous a suivies dans le sauna. Ses vagues me bercent dans cet air épais. Elle est autour de moi en minuscules gouttelettes. J’ai les mouvements en apesanteur. Ma tête bascule en arrière sur la cuisse de Wen, elle aussi en suspension. Je vole, la tête sur la mollesse de sa chair. Mon visage glisse entre ses cuisses, rebondit sur son pubis. Elle est pleine de sueurs elle aussi. Ma langue trace un chemin dans son tunnel tandis que nous sommes invisibles.

 

Rejoindre Keno dans l’océan Est
Retrouver Madame Dou

Après les pratiques du matin dans la piscine, on va dans le sauna avec l’équipe. C’est toujours moi qui verse l’eau sur les pierres. Je contrôle la température. Lin revient d’être allée porter Madame Dou à sa chambre et ramène la tisane. On essaie une nouvelle herbe de temps en temps. Nous nous assoyons toutes ensemble avec l’équipe, et nous nous passons le breuvage. Depuis nos vaccinations, nous avons repris les séances dans la piscine. Ça nous a soulagées de pouvoir recommencer nos activités ensemble.

Il a fallu se tenir tranquilles quelque temps, aller au jardin une à la fois. Je me suis sentie bien seule dans la maison avec Madame Dou. Heureusement il y avait les télés. Lin s’assoit et boit puis passe la tasse à Wen qui me la tend. Ahn Jiao et Lan terminent le contenu et Lan dépose la tasse. Je verse de l’eau sur les pierres.

Je transpire jusqu’au bout de mes mamelons. Nous sommes ensemble dans notre nid. Au chaud.

« Madame Dou est de plus en plus rabougrie, elle devient de plus en plus petite, bientôt, on pourra la tenir dans la main. » Nous rions avec Lin.

« La fille blanche, elle a fabriqué un costume de peau d’aloès, elle disait “je suis piquée je suis piquée” et en fait, elle était juste stone. » Nous rions aussi avec Wen. J’inspire cet air humide qui me brûle l’intérieur des narines. Nous prenons le temps d’être silencieuses.

Mes pieds sont solides dans leurs plantes. Ils sont troncs. Et mes cheveux courts, des feuilles. Je bouge le bras qui se meut vers la cuillère, referme sa tentacule dessus et plonge dans le bac d’eau. Je déverse les gouttes très lentement dans une observation minutieuse de toutes les gouttelettes. Le temps est ralenti. Je les regarde dévaler lentement le bois et exploser en tombant sur les pierres. Chaque crépitement me donne un frisson. J’ai le dos qui colle au bois du banc. Je ne perçois plus les autres dans le brouillard. C’est toujours le moment que je préfère. Dès qu’on ne se voit plus.

Je sens toutes les gouttes qui tombent de moi. J’ai un océan sous les seins. Je me concentre sur mes pulsations, les calme. Je suis une bulle qui flotte dans la vapeur. La piscine est devenue mouvante, elle nous a suivies dans le sauna. Ses vagues me bercent dans cet air épais. Elle est autour de moi en minuscules gouttelettes. J’ai les mouvements en apesanteur. Ma tête bascule en arrière sur la cuisse de Wen, elle aussi en suspension. Je vole, la tête sur la mollesse de sa chair. Mon visage glisse entre ses cuisses, rebondit sur son pubis. Elle est pleine de sueurs elle aussi. Ma langue trace un chemin dans son tunnel tandis que nous sommes invisibles.

 

Rejoindre Keno dans l’océan Est
Retrouver Madame Dou