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Réseau des Autrices

Résidences expérimentales

Réseau des Autrices

experimentelle Residenzen

Chambre 9

Neïtah Janzing
2020A009

 

Une personne aux longs cheveux noirs est assise sur le coin du lit et écrit à la table de chevet.

 

J’essaie de t’écrire une lettre. Des fois c’est plus dur de trouver les mots pour quelqu’un que je connais que pour une personne inconnue. Il faut que je t’envoie ce deuxième plan de la serre et que j’invente une recette ou une histoire de légumes…

J’aurais aimé que tu sois quelqu’un d’autre.

Mais bon, c’est moi qui ai choisi l’ordre des gens, j’aurais dû mieux penser.

L’ordre des gens qui allaient devoir s’envoyer des lettres, se transmettre les plans d’une serre écolo-responsable.
9 plans.
9 personnes.

Choisies selon leur enclin au jardinage, leur langue de communication et leur ville d’habitation.

Je note :

1. Veronika – Brno, République Tchèque Daná – Prague, République Tchèque
2. Timon – Asbestos, Canada
3. Tomáš – Ostrava, République Tchèque
4. Elliy – Weimar, Allemagne
5. Florence – Berlin, Allemagne
6. Mirek – Fontainebleau, France
7. Marek – Bratislava, Slovaquie
8. Jan – Prague, République Tchèque
9. Neïtah – Berlin, Allemagne

Oui, parce qu’à la dernière minute, j’ai barré Veronika qui, je me suis souvenue, est la mère de l’enfant de l’artiste…
Alors je t’ai ajoutée, parce que je n’avais pas d’autres adresses en République Tchèque, et que je me suis dit que ça pouvait être bien pour ton cottage.

Je griffonne des idées sur les pages de mon cahier, passe de l’allemand au français, à l’anglais, même si tu ne parles que le tchèque/slovaque ou l’anglais. Je griffonne des pages et des pages, juste pour trouver une idée de recette qui serait intéressante. Je pense aussi aux histoires que je pourrais te raconter à la place d’une recette…

Te raconter…
… la fois où j’ai mangé une limace,
… la fois où je me suis rentrée un petit pois dans le nez… Je croyais que c’était ma bouche.
… l’été où j’ai travaillé dans un jardin avec un vieil homme gay qui se promenait toujours nus pieds dans le village avec son vieux chapeau troué et avec qui j’ai chanté it’s raining men, Hallelujah.
… la fois où j’étais pas assez rentable en cueillant trop peu de framboises avec Sasha.
… la fois où les abeilles étaient frustrées par l’orage et mouraient en laissant leur dard dans mon bras.

J’sais pas par où commencer et quoi t’écrire.
Les gribouillages s’accumulent sur le plancher et les mots s’éparpillent sur le bureau.
C’est pourtant si simple…?

mais dans la pile de brouillons, de papiers et de crayons,
je ne trouve que les pages blanches
et les chaos noirs.

Peut-être que le jardin m’aidera à rédiger ma lettre…

 

La personne rattache ses cheveux et quitte la chambre, emportant avec elle quelques brouillons de sa lettre, du papier blanc et son crayon. Elle ne voit pas que certains gribouillages tombent en chemin.

Chambre 9

Neïtah Janzing
020A009

 

Une personne aux longs cheveux noirs est assise sur le coin du lit et écrit à la table de chevet.

 

J’essaie de t’écrire une lettre. Des fois c’est plus dur de trouver les mots pour quelqu’un que je connais que pour une personne inconnue. Il faut que je t’envoie ce deuxième plan de la serre et que j’invente une recette ou une histoire de légumes…

J’aurais aimé que tu sois quelqu’un d’autre.

Mais bon, c’est moi qui ai choisi l’ordre des gens, j’aurais dû mieux penser.

L’ordre des gens qui allaient devoir s’envoyer des lettres, se transmettre les plans d’une serre écolo-responsable.
9 plans.
9 personnes.

Choisies selon leur enclin au jardinage, leur langue de communication et leur ville d’habitation.

Je note :

1. Veronika – Brno, République Tchèque Daná – Prague, République Tchèque
2. Timon – Asbestos, Canada
3. Tomáš – Ostrava, République Tchèque
4. Elliy – Weimar, Allemagne
5. Florence – Berlin, Allemagne
6. Mirek – Fontainebleau, France
7. Marek – Bratislava, Slovaquie
8. Jan – Prague, République Tchèque
9. Neïtah – Berlin, Allemagne

Oui, parce qu’à la dernière minute, j’ai barré Veronika qui, je me suis souvenue, est la mère de l’enfant de l’artiste…
Alors je t’ai ajoutée, parce que je n’avais pas d’autres adresses en République Tchèque, et que je me suis dit que ça pouvait être bien pour ton cottage.

Je griffonne des idées sur les pages de mon cahier, passe de l’allemand au français, à l’anglais, même si tu ne parles que le tchèque/slovaque ou l’anglais. Je griffonne des pages et des pages, juste pour trouver une idée de recette qui serait intéressante. Je pense aussi aux histoires que je pourrais te raconter à la place d’une recette…

Te raconter…
… la fois où j’ai mangé une limace,
… la fois où je me suis rentrée un petit pois dans le nez… Je croyais que c’était ma bouche.
… l’été où j’ai travaillé dans un jardin avec un vieil homme gay qui se promenait toujours nus pieds dans le village avec son vieux chapeau troué et avec qui j’ai chanté it’s raining men, Hallelujah.
… la fois où j’étais pas assez rentable en cueillant trop peu de framboises avec Sasha.
… la fois où les abeilles étaient frustrées par l’orage et mouraient en laissant leur dard dans mon bras.

J’sais pas par où commencer et quoi t’écrire.
Les gribouillages s’accumulent sur le plancher et les mots s’éparpillent sur le bureau.
C’est pourtant si simple…?

mais dans la pile de brouillons, de papiers et de crayons,
je ne trouve que les pages blanches
et les chaos noirs.

Peut-être que le jardin m’aidera à rédiger ma lettre…

 

La personne rattache ses cheveux et quitte la chambre, emportant avec elle quelques brouillons de sa lettre, du papier blanc et son crayon. Elle ne voit pas que certains gribouillages tombent en chemin.