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TROIS : temps
Sarah-Louise Pelletier-Morin
2023HDA103

 

 

 

Les jours où je n’écris pas, je me sens médiocre. Même si je traverse 24 heures en étant très occupée, même si ces activités sont stimulantes, j’ai l’impression de ne pas être connectée avec moi-même. C’est peut-être aussi parce que l’écriture m’offre la solitude la plus totale.

 

*

 

Si je ne fais qu’écrire dans une journée (pas de sport, pas d’activité sociale, aucune lecture), je me sens, également, médiocre.

 

*

 

 

*

 

Quand j’avance un projet d’écriture qui n’a pas de garantie de publication, ça me prend un temps fou.

 

*

 

Mardi après-midi. Il fait beau. Il a plu toute la semaine ; il faudrait en profiter plutôt qu’écrire.

 

*

 

Il paraît que les meilleur·e·s auteurices écrivent peu d’heures par jour. Il paraît qu’il ne sert à rien d’écrire dix heures par jour.

 

*

 

 

*

 

Toutes les paroles des femmes qui sont passées par là. Qui sont entrées dans l’immeuble. Qui sont sorties avant d’avoir publié. Qui se sont suicidées. 


Atelier, 15.5.2023

 

*

 

Difficile de reprendre un texte interrompu depuis longtemps. J’aime les chantiers. J’aime les deadlines. J’aime l’édition. J’aime être relue. Je dis oui à toutes les corrections proposées.

 

*

 

 

*

 

Le soir, je suis moins critique par rapport à mes écrits. Même constat si je suis dans un lieu public « feutré », avec du bruit ou un éclairage tamisé ; par exemple, si je relis un texte sur lequel je travaille le matin, il se peut que je voie tous ses défauts, et que le soir, le texte me paraisse meilleur. Écrire est une expérience de relativisme. Mon rapport à mes œuvres ressemble un peu à mon rapport à mon corps, ça fluctue, varie en fonction des heures.

 

 *

 

 

*

 

Houellebecq m’a raconté qu’il écrivait toujours le matin, dans un demi-sommeil. Comme s’il avait ainsi accès à un monde intérieur, subconscient, qui activait le flot d’écriture.

 

*

 

 

*

 

Je n’arrive pas à me projeter comme une vieille écrivaine. Pour moi, écrire est associé à la jeunesse. Bientôt, je cesserai d’écrire.

TROIS : temps
Sarah-Louise Pelletier-Morin
2023HDA103

 

 

 

Les jours où je n’écris pas, je me sens médiocre. Même si je traverse 24 heures en étant très occupée, même si ces activités sont stimulantes, j’ai l’impression de ne pas être connectée avec moi-même. C’est peut-être aussi parce que l’écriture m’offre la solitude la plus totale.

 

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Si je ne fais qu’écrire dans une journée (pas de sport, pas d’activité sociale, aucune lecture), je me sens, également, médiocre.

 

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Quand j’avance un projet d’écriture qui n’a pas de garantie de publication, ça me prend un temps fou.

 

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Mardi après-midi. Il fait beau. Il a plu toute la semaine ; il faudrait en profiter plutôt qu’écrire.

 

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Il paraît que les meilleur·e·s auteurices écrivent peu d’heures par jour. Il paraît qu’il ne sert à rien d’écrire dix heures par jour.

 

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Toutes les paroles des femmes qui sont passées par là. Qui sont entrées dans l’immeuble. Qui sont sorties avant d’avoir publié. Qui se sont suicidées. 


Atelier, 15.5.2023

 

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Difficile de reprendre un texte interrompu depuis longtemps. J’aime les chantiers. J’aime les deadlines. J’aime l’édition. J’aime être relue. Je dis oui à toutes les corrections proposées.

 

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Le soir, je suis moins critique par rapport à mes écrits. Même constat si je suis dans un lieu public « feutré », avec du bruit ou un éclairage tamisé ; par exemple, si je relis un texte sur lequel je travaille le matin, il se peut que je voie tous ses défauts, et que le soir, le texte me paraisse meilleur. Écrire est une expérience de relativisme. Mon rapport à mes œuvres ressemble un peu à mon rapport à mon corps, ça fluctue, varie en fonction des heures.

 

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Houellebecq m’a raconté qu’il écrivait toujours le matin, dans un demi-sommeil. Comme s’il avait ainsi accès à un monde intérieur, subconscient, qui activait le flot d’écriture.

 

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Je n’arrive pas à me projeter comme une vieille écrivaine. Pour moi, écrire est associé à la jeunesse. Bientôt, je cesserai d’écrire.