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CINQ : couple
Sarah-Louise Pelletier-Morin
2023HDA105

 

 

 

La passion est compatible avec l’écriture. Surtout avant la phase de l’engagement, c’est-à-dire durant la période où le sujet aimé est absent. Où le sujet aimé est désiré. Où le fantasme prend toute la place. Alors on dort peu, la libido est maximale, on peut investir cette tension et le temps (lié à l’absence de l’être aimé) dans la création.

 

*

 

La première phase de la passion est saturée de sons (la musique nous affecte), de sens (les odeurs semblent plus fortes), le corps est excité, tendu. Tout apparaît surdéterminé, contaminé par la passion qui nous plonge dans un état d’hypervigilance. Cette phase stimule la création. On a envie de peindre l’autre, de l’écrire, de le chanter. Il faut en profiter : ça ne dure pas.

 

*

 

Les premiers mois du couple sont les plus difficiles pour un·e écrivain·e. Le sujet aimé a besoin d’attention, de temps. Il faut se montrer disponible.

 

*

 

Une fois, je me suis chicanée avec mon amoureux parce que je suis allée écrire au café sans lui dire.

 

*

 

Écrire implique de faire le choix de la solitude – une solitude moins physique que morale et affective.

 

*

 

Sur le seuil de la déréliction.

 

*

 

La vie à deux fait en sorte que je sors moins dans les cafés et dans les bars pour écrire. Je peux rester des jours à la maison, sans le besoin d’aller dans un lieu public ; mes besoins sociaux sont comblés avec l’être aimé.

 

*

 

Je me sens, souvent, égoïste.

 

*

 

Écrire, c’est apprendre à accepter l’image renvoyée par l’autre lorsqu’on s’installe devant son ordinateur, les écouteurs dans les oreilles, et qu’on se rend indisponibles pour quelques heures.

 

*

 

Depuis que je suis en couple, j’ai beaucoup moins de temps pour écrire. Je me sens moins créative.

 

*

 

Je me sens, souvent, frustrée.

 

*

 

 

*

 

Rédiger cette critique de film ou passer la soirée avec mon chum ? C’est le genre de dilemme qui se présente quotidiennement et qui crée des conflits (surtout d’ordre intrapsychique). Je n’ai jamais été douée pour prendre des décisions.

 

*

 

Je protège constamment mon temps. Je tente de me faire une bulle.

 

*

 

Le couple stabilise. Avant, j’étais constamment partie, en fuite, prête à partir. Vers une montagne, une rivière où me perdre. fuir.

 

*

 

J’écris un texte sur une ancienne passion. Quand mon amoureux revient du travail, je n’arrive plus à écrire. Il y a quelque chose entre nous. Ce texte. Cet homme. Une vérité in-sue de l’autre. Sur quoi travaillais-tu aujourd’hui, mon amour?

 

*

 

Commencer un projet d’écriture me rend pudique. Je demeure vague sur ce que j’écris. Lui mentir, me sentir loin de lui.

 

*

 

E. se fait une grosse omelette. E. chante. E. siffle. E. rigole, me donne un bec, veut jouer. Tandis que j’essaie d’écrire un truc un peu sombre.

CINQ : couple
Sarah-Louise Pelletier-Morin
2023HDA105

 

 

 

La passion est compatible avec l’écriture. Surtout avant la phase de l’engagement, c’est-à-dire durant la période où le sujet aimé est absent. Où le sujet aimé est désiré. Où le fantasme prend toute la place. Alors on dort peu, la libido est maximale, on peut investir cette tension et le temps (lié à l’absence de l’être aimé) dans la création.

 

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La première phase de la passion est saturée de sons (la musique nous affecte), de sens (les odeurs semblent plus fortes), le corps est excité, tendu. Tout apparaît surdéterminé, contaminé par la passion qui nous plonge dans un état d’hypervigilance. Cette phase stimule la création. On a envie de peindre l’autre, de l’écrire, de le chanter. Il faut en profiter : ça ne dure pas.

 

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Les premiers mois du couple sont les plus difficiles pour un·e écrivain·e. Le sujet aimé a besoin d’attention, de temps. Il faut se montrer disponible.

 

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Une fois, je me suis chicanée avec mon amoureux parce que je suis allée écrire au café sans lui dire.

 

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Écrire implique de faire le choix de la solitude – une solitude moins physique que morale et affective.

 

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Sur le seuil de la déréliction.

 

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La vie à deux fait en sorte que je sors moins dans les cafés et dans les bars pour écrire. Je peux rester des jours à la maison, sans le besoin d’aller dans un lieu public ; mes besoins sociaux sont comblés avec l’être aimé.

 

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Je me sens, souvent, égoïste.

 

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Écrire, c’est apprendre à accepter l’image renvoyée par l’autre lorsqu’on s’installe devant son ordinateur, les écouteurs dans les oreilles, et qu’on se rend indisponibles pour quelques heures.

 

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Depuis que je suis en couple, j’ai beaucoup moins de temps pour écrire. Je me sens moins créative.

 

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Je me sens, souvent, frustrée.

 

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Rédiger cette critique de film ou passer la soirée avec mon chum ? C’est le genre de dilemme qui se présente quotidiennement et qui crée des conflits (surtout d’ordre intrapsychique). Je n’ai jamais été douée pour prendre des décisions.

 

*

 

Je protège constamment mon temps. Je tente de me faire une bulle.

 

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Le couple stabilise. Avant, j’étais constamment partie, en fuite, prête à partir. Vers une montagne, une rivière où me perdre. fuir.

 

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J’écris un texte sur une ancienne passion. Quand mon amoureux revient du travail, je n’arrive plus à écrire. Il y a quelque chose entre nous. Ce texte. Cet homme. Une vérité in-sue de l’autre. Sur quoi travaillais-tu aujourd’hui, mon amour?

 

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Commencer un projet d’écriture me rend pudique. Je demeure vague sur ce que j’écris. Lui mentir, me sentir loin de lui.

 

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E. se fait une grosse omelette. E. chante. E. siffle. E. rigole, me donne un bec, veut jouer. Tandis que j’essaie d’écrire un truc un peu sombre.