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Ariane Lessard
2021B027

Hé bien ! La fille qui est sortie des portes horizontales a pris l’iboga. Nous l’aurions fait attendre, mais elle va toujours au-devant des choses. Elle est attirée par l’occulte. Il en faut toujours qui s’intéressent aux chemins des plantes.

Les six autres filles ont fini leurs rituels et se reposent après les grandes nuits sans sommeil. Nous nous déposons aussi. Et Kenojuak est retournée à sa hutte. Nous buvons une gorgée de tisane et nos os se reposent enfin de tout leur travail. S’amollissent. Ces âges sur notre dos nous font tomber dans notre bon fauteuil. Au salon, Bao écoute ses émissions. Yasmine semble aimer se rendre utile avec Kass au bateau. Nous ne savons pas combien d’années un corps peut supporter un esprit sans déclin. Pendant que Danaé étudie les ruines du château, nous, nous faisons de l’introspection. Nous nous regardons par dedans, au milieu de notre cage thoracique.

Je n’ai pas la démarche féline
J’ai le dos des femmes ancêtres
Les jambes arquées
De celles qui ont portagé
De celles qui accouchent
En marchant

Joséphine Bacon, Uiesh, Éditions Mémoire d’encrier.

 

*

Bao vient nous chercher dans notre lit, ce matin. Nous nous levons et enfilons notre maillot. Elle ouvre nos rideaux pendant que nous allons au cabinet. Nous enfilons nos sandales, tenons notre serviette. Et Bao nous prend sur son dos pour descendre l’escalier.

Nous marchons dehors comme soulevées sur le nuage de la rosée du matin. Nous rejoignons l’équipe. Lin, Wen, Ahn, Jiao, Lan, et tiens ! la fille de la serre. Ce serait alors sa troisième journée sur l’iboga qui commence. Nous nous mettons à l’eau.

*

Nous sentons nos disques qui se remettent en place, notre bassin qui ne souffre plus et nos chevilles qui sont enfin soulagées du poids de notre corps. Nous devons penser peut-être, à nous trouver une nouvelle chair.

*

Nous retenons notre souffle pendant que nous allons au milieu du creux, juste avant la pente. Nous la regardons au fond de l’œil.

*

La fille des tréfonds nous regarde avec ses pupilles.

« J’ai trouvé une clé dans le bassin du jardin Sud, je voulais vous le dire Madame Dou.
— Tu nous surprends tous les jours un peu plus !
Je suis allée dans la chambre 44 et j’ai rêvé à votre enfant. » Elle nous dit ça avec ses yeux directement dans les nôtres. Elle n’a pas peur.

« En fait je ne sais pas si c’est un rêve, je pense que j’ai des visions depuis quelque temps. Depuis que je suis arrivée ici en fait. Pourquoi vous n’êtes pas morte ? Êtes-vous seulement vivante ?
— Hihihi. »

Bao et Lin rient elles aussi avec nous. Peut-être pourrions-nous changer de peau avec elle ? Nous l’invitons à l’écart des autres, à une réunion dans la E-1025 ce soir. Puis nous sortons de la piscine avec Lin qui nous ramène sur son dos vers la serre.

 

Ramener Madame Dou vers la serre
Aller dans le laboratoire
Rejoindre la Québécoise à la soirée dans la E-1025

Hé bien ! La fille qui est sortie des portes horizontales a pris l’iboga. Nous l’aurions fait attendre, mais elle va toujours au-devant des choses. Elle est attirée par l’occulte. Il en faut toujours qui s’intéressent aux chemins des plantes.

Les six autres filles ont fini leurs rituels et se reposent après les grandes nuits sans sommeil. Nous nous déposons aussi. Et Kenojuak est retournée à sa hutte. Nous buvons une gorgée de tisane et nos os se reposent enfin de tout leur travail. S’amollissent. Ces âges sur notre dos nous font tomber dans notre bon fauteuil. Au salon, Bao écoute ses émissions. Yasmine semble aimer se rendre utile avec Kass au bateau. Nous ne savons pas combien d’années un corps peut supporter un esprit sans déclin. Pendant que Danaé étudie les ruines du château, nous, nous faisons de l’introspection. Nous nous regardons par dedans, au milieu de notre cage thoracique.

Je n’ai pas la démarche féline
J’ai le dos des femmes ancêtres
Les jambes arquées
De celles qui ont portagé
De celles qui accouchent
En marchant

Joséphine Bacon, Uiesh, Éditions Mémoire d’encrier.

 

*

Bao vient nous chercher dans notre lit, ce matin. Nous nous levons et enfilons notre maillot. Elle ouvre nos rideaux pendant que nous allons au cabinet. Nous enfilons nos sandales, tenons notre serviette. Et Bao nous prend sur son dos pour descendre l’escalier.

Nous marchons dehors comme soulevées sur le nuage de la rosée du matin. Nous rejoignons l’équipe. Lin, Wen, Ahn, Jiao, Lan, et tiens ! la fille de la serre. Ce serait alors sa troisième journée sur l’iboga qui commence. Nous nous mettons à l’eau.

*

Nous sentons nos disques qui se remettent en place, notre bassin qui ne souffre plus et nos chevilles qui sont enfin soulagées du poids de notre corps. Nous devons penser peut-être, à nous trouver une nouvelle chair.

*

Nous retenons notre souffle pendant que nous allons au milieu du creux, juste avant la pente. Nous la regardons au fond de l’œil.

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La fille des tréfonds nous regarde avec ses pupilles.

« J’ai trouvé une clé dans le bassin du jardin Sud, je voulais vous le dire Madame Dou.
— Tu nous surprends tous les jours un peu plus !
Je suis allée dans la chambre 44 et j’ai rêvé à votre enfant. » Elle nous dit ça avec ses yeux directement dans les nôtres. Elle n’a pas peur.

« En fait je ne sais pas si c’est un rêve, je pense que j’ai des visions depuis quelque temps. Depuis que je suis arrivée ici en fait. Pourquoi vous n’êtes pas morte ? Êtes-vous seulement vivante ?
— Hihihi. »

Bao et Lin rient elles aussi avec nous. Peut-être pourrions-nous changer de peau avec elle ? Nous l’invitons à l’écart des autres, à une réunion dans la E-1025 ce soir. Puis nous sortons de la piscine avec Lin qui nous ramène sur son dos vers la serre.

 

Ramener Madame Dou vers la serre
Aller dans le laboratoire
Rejoindre la Québécoise à la soirée dans la E-1025