27 mai.
Gorge Bataille
2023HDA308
J’en n’ai plus rien à foutre de tout. Mon chien a une tête de perruche et son pelage est en poils de plumes, vert foncé + jaune. Son visage est plat. C’est une chimère magnifique, presque une gravure en mouvement. Son visage je le vois. Il est élégant et expressif. Dément.
*
Fatal·e fait des gâteaux aux extasy, des sablés ronds qu’iel découpe pour les poser sur le haut de la grille. À saint-Etienne, une meuf qui n’a pas trop de taf, lutte juste pour payer son loyer et sa nintendo. Fatal·e est avec Ross et Rachel. Rachel refuse de payer 10 dollars deux fois pour aller au cinéma et trouve un stratagème avec Joey pour faire une animation pour les enfants avec des petits dinosaures en plastique et des flashs installés. Fatal·e se prend en photo pour Chandler avec une lettre comme un cheerios dans la bouche : c’est un G. Ross a perdu sa mère. Il est dépité et retourne sans cesse écrire une lettre sur un papier jaune = il est question d’intermittence, c’est de plus en plus compliqué pour l’avoir.
Tout est trop cher et tout augmente. Les champignons de Paris dans les barquettes bleues sont passés à 1,29€. Iel aimait bien trouver de la nourriture à 0,99 €, ça rassurait son cerveau précaire tous ces trucs dans son panier à moins de 1 euros.
Fatal·e cherche un agent littéraire pour vendre ses poèmes de cul. Du cul sale et lesbienx, dans une langue de première zone. Du porno comme on en fait encore chez le buraliste. Mais pas pour les hommes. Fatal·e aime la langue grossière pour parler de sexe, vraiment la base : chatte cul mouille bite trou baise. Iel ne démord pas de la route qu’iel a emprunté il y a quinze ans.
le circuit normal normalise. il ne faut pas avoir envie de se normaliser, ce n’est pas souhaitable. j’étais en train de me faire un café et j’ai réalisé que je voulais être comme toute le monde. genre pour avoir la paix. être complètement tranquille de vivre mon existence banale et faire des trucs chiants et être reconnu·e pour ça. que les gens m’aiment parce que j’les déplacerais pas trop, je ne ferais pas de vagues. je serais l’auteur·e transgressif·ve qui transgresse dans les clous. tu vois. transgresser dans la norme. parce que des fois, j’ai l’impression que je m’obstine à être dans la marge. je vois bien que la majorité a une certaine excitation de ce que représentent les marges, mais finalement personne ne veut y être.
donc, je cherchais désespérément un agent littéraire, tout en continuant à écrire des trucs qui parlent à toute le monde mais qui n’intéresse personne. des trucs invendables, en dehors du circuit hétéromarchand mortifère, ennuyeux, cucul. j’écrivais des trucs funs et presque plus vraiment trashs. des trucs en lien avec la précarité aussi, mais ça, ça fait chier toute le monde – surtout les bourges qui lisent des livres.
Donc, Fatal·e faisait des trucs de proles et espérait entrer dans un système qui l’a toujours rejeté·e. Mais, pourquoi ?
Que représente cette envie d’entrer dans le catalogue d’une agent littéraire qui représente de la fiction facile et merdique ? Iel se répète à ellui-même :
j’aime ce qui touche et est différent
la marge m’a aimé et vu naître
ce qui m’intéresse c’est l’authenticité et comment la conserver
je n’ai pas à culpabiliser de vouloir gagner de l’argent avec ce que je fais
mais je ne dois jamais me modifier pour ça
ni ressentir de l’envie pour les gens qui ont de la facilité à cet endroit là
nique