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Ariane Lessard
2021B037

Je décide d’entrer dans le jardin. Kass et Silvia en auront quand même pour un bout de temps. La vieille clé est demeurée dans la serrure. Je pousse la porte et pénètre ce jardin luxuriant. J’avais remarqué cet endroit derrière l’enceinte dès la première journée, à mon arrivée. Avec l’océan tout près et la température plus fraîche par ici, je l’avais presque oublié. Les branches ont envahi le sentier. Elles s’étirent librement en se mêlant aux autres alors que je contourne un muret de pierres qui me dépasse d’une tête. J’arrive en haut d’un escalier de marches basses qui descendent. Je compte douze paliers. Rendue en bas, j’entends Madame Dou chanter doucement. Je me cache pour regarder la scène.

*

La bête est assise dans une fontaine. Madame Dou la lave en flattant sa tête. Elle tend sa main dans l’eau et frotte le pelage de cette espèce de vache brune cornue qui se tient assise comme une humaine. Des lianes poussent autour d’elles, s’accrochent aux cornes de cette créature qui se laisse flatter sous les jets d’eau. Madame Dou se redresse, tout d’un coup très à l’aise de se tenir toute seule. Elle enlève ses vêtements et embarque à son tour dans la fontaine. Le feu qui danse à côté d’elles me fait remarquer ces dessins incrustés dans les pans de la sculpture. Une bête apparaît sur la colonne centrale, entourée de trois femmes. Madame Dou s’immerge dans la fontaine et en ressort avec sa vigueur de nageuse d’aquaforme. Se relevant d’une façon énergique, elle retire son visage et sa peau, sous laquelle se trouve une deuxième femme qui ressemble davantage à la Madame Dou de mon arrivée, puis une troisième, plus jeune encore. Madame Dou se démultiplie et devient ces trois âges comme sur la fontaine. J’ai l’impression d’avoir une vision bacchanale. Soudain, la bête subit elle aussi une mutation. De blessée et grande, elle se soigne en même temps qu’elle rapetisse. Puis, la gueule de la bête s’ouvre et s’ouvre encore et toujours plus grande. Bientôt, les deux anciennes Madame Dou sont dévorées par la créature. Je retiens un cri alors qu’un spasme presque sismique me traverse l’échine. J’ai chaud, mais je suis comme incapable de regarder ailleurs. Il n’y a presque pas eu de sang, comme si les deux vieillardes avaient été gobées en entier ! Je dois tout voir. Tout connaître et l’écrire après, le dire aux autres femmes.

*

La plus jeune des Madame Dou qui restent monte alors la bête. Elles font le tour du fond du jardin, alors que Madame Dou chevauche la génisse. Puis elles se dirigent droit sur moi par l’escalier pour terminer le tour complet, tandis que je me presse d’horreur contre le muret. Mais elles ne semblent pas m’apercevoir. Elles finissent leur ronde en redescendant par l’autre escalier, et retournent à la fontaine, où la bête engouffre à son tour la dernière Madame Dou.

 

Fin du chant de la Québécoise

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Commencer un nouveau parcours

Je décide d’entrer dans le jardin. Kass et Silvia en auront quand même pour un bout de temps. La vieille clé est demeurée dans la serrure. Je pousse la porte et pénètre ce jardin luxuriant. J’avais remarqué cet endroit derrière l’enceinte dès la première journée, à mon arrivée. Avec l’océan tout près et la température plus fraîche par ici, je l’avais presque oublié. Les branches ont envahi le sentier. Elles s’étirent librement en se mêlant aux autres alors que je contourne un muret de pierres qui me dépasse d’une tête. J’arrive en haut d’un escalier de marches basses qui descendent. Je compte douze paliers. Rendue en bas, j’entends Madame Dou chanter doucement. Je me cache pour regarder la scène.

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La bête est assise dans une fontaine. Madame Dou la lave en flattant sa tête. Elle tend sa main dans l’eau et frotte le pelage de cette espèce de vache brune cornue qui se tient assise comme une humaine. Des lianes poussent autour d’elles, s’accrochent aux cornes de cette créature qui se laisse flatter sous les jets d’eau. Madame Dou se redresse, tout d’un coup très à l’aise de se tenir toute seule. Elle enlève ses vêtements et embarque à son tour dans la fontaine. Le feu qui danse à côté d’elles me fait remarquer ces dessins incrustés dans les pans de la sculpture. Une bête apparaît sur la colonne centrale, entourée de trois femmes. Madame Dou s’immerge dans la fontaine et en ressort avec sa vigueur de nageuse d’aquaforme. Se relevant d’une façon énergique, elle retire son visage et sa peau, sous laquelle se trouve une deuxième femme qui ressemble davantage à la Madame Dou de mon arrivée, puis une troisième, plus jeune encore. Madame Dou se démultiplie et devient ces trois âges comme sur la fontaine. J’ai l’impression d’avoir une vision bacchanale. Soudain, la bête subit elle aussi une mutation. De blessée et grande, elle se soigne en même temps qu’elle rapetisse. Puis, la gueule de la bête s’ouvre et s’ouvre encore et toujours plus grande. Bientôt, les deux anciennes Madame Dou sont dévorées par la créature. Je retiens un cri alors qu’un spasme presque sismique me traverse l’échine. J’ai chaud, mais je suis comme incapable de regarder ailleurs. Il n’y a presque pas eu de sang, comme si les deux vieillardes avaient été gobées en entier ! Je dois tout voir. Tout connaître et l’écrire après, le dire aux autres femmes.

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La plus jeune des Madame Dou qui restent monte alors la bête. Elles font le tour du fond du jardin, alors que Madame Dou chevauche la génisse. Puis elles se dirigent droit sur moi par l’escalier pour terminer le tour complet, tandis que je me presse d’horreur contre le muret. Mais elles ne semblent pas m’apercevoir. Elles finissent leur ronde en redescendant par l’autre escalier, et retournent à la fontaine, où la bête engouffre à son tour la dernière Madame Dou.

 

Fin du chant de la Québécoise

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