Nasenloch
Ann Gaspe
2023HDA206
Ceci n’est pas une porte !
De Nase, nom féminin : nez, et Loch, nom neutre : trou.
Tout bêtement : un trou de nez.
Mais non, ceci n’a rien de bête. C’est une entrée de tunnel organique. Sombre, accidentée, mouvante.
On n’y descend pas comme dans un moulin. Il faut s’inscrire. Montrer patte blanche, très blanche.
Tu es assise en face de moi et tu tapes consciencieusement sur ta machine à écrire du siècle dernier.
Ainsi donc, c’est toi, la gardienne de l’entrée du bunker perdu ? Par la narine gauche. Je suis sous le choc. Tu es comme ausgetauscht. Ah non, on le dit autrement. Mais comment, déjà? Je tombe si souvent à côté du mot juste. Et pourtant, il y a quelque chose de getauscht en toi, j’en suis sûre… Ausgewechselt ! Tu es comme ausgewechselt. Et le plus absurde, c’est que tu ne me reconnais pas. Tes yeux vert-bleu me reflètent froidement, ton humanité ist zu Grunde gegangen.
— Nom, Prénom, Année de naissance ?
Je m’exécute, comme si nous étions étrangères l’une à l’autre.
— G…, A…, 196…
— Motif de la demande d’ouverture ?
— … Besoin impérieux d’un retour vers le passé.
Tu cesses de taper et tu me scrutes. On dirait que tu ne sais pas comment le prendre.
— C’est trop vague. Qu’attendez-vous de ce… retour vers le passé ?
— En quoi ça te regarde ?
Es ist mir ausgerutscht, euh… herausgerutscht, la situation m’échappe. Tu vas refermer la narine qui commençait à s’ouvrir et j’ai envie de crier « Non, warten Sie ! » Mais je me reprends in extremis.
— Je cherche mes racines.
Ton regard redescend sur les touches. Tu tapes lentement ce que je viens de dire en inspirant un grand coup. Ta narine se ferme complètement jusqu’à se coller à la base de ton nez. Tu es blanche et jaune. Comme morte.
— Ceci n’est pas un motif valable d’ouverture du passage, dis-tu avec une voix de petite fille à tresses blondes. Vous devez comprendre que nous devons être prudents et nous assurer de la bonne foi des visiteurs.
— C’est qui, “nous” ?
Tu te soulèves de ton siège de bureau comme la très vieille femme que tu es, et, en claquant de la mâchoire, tu m’invites d’une main tremblante à repartir là d’où je suis venue.
Je discerne l’éclair d’une croix gammée se reflétant dans ton œil vert. C’est furtif mais tu ne feras plus croire que j’ai rêvé.
Je recule en grognant entre mes dents. Je me sens un berger allemand. Je fredonne du Schubert.
— Ma propre mère, ma propre chair, ma propre mère, ma propre chair, ma propre mère, ma propre chair…
Trou de nez
Ann Gaspe
Aus dem Französisch von Ina Böhme
2023HDA206
Ceci n’est pas une porte!
Aus <Nase>, Substantiv (Femininum): ›nez‹, und <Loch>, Substantiv (Neutrum): ›trou‹. Ein Loch in der Nase. Ganz einfach.
Ach, so einfach ist das nicht. Ein Nasenloch ist eine organische Tunnelöffnung. Dunkel, biegsam, zerfurcht.
Man kann hier nicht ein und aus gehen, wie man will. Man muss sich anmelden. Und sich eine weiße – eine blütenweiße – Pfote holen.
Du sitzt vor mir und tippst sorgfältig in deine Schreibmaschine aus dem vergangenen Jahrhundert.
Ach, die Pförtnerin des versunkenen Bunkers, das bist du? Durchs linke Nasenloch. Ich bin schockiert. Du bist wie ausgetauscht. Ach was, so sagt man nicht. Wie war das noch gleich? Mir fällt so oft das richtige Wort nicht ein. Et pourtant, il y a quelque chose de ausgetauscht en toi, j’en suis sûre … Ausgewechselt! Du bist wie ausgewechselt. Und das Verrückteste ist, dass du mich nicht wiedererkennst. Ich spiegele mich in deinem kalten, blaugrünen Blick; deine humanité ist zu Grunde gegangen.
»Nachname, Vorname, Geburtsjahr?«
Ich gehorche, als wären wir zwei Fremde.
»G…, A…, 196…«
»Der Grund für Ihr Einlassgesuch?«
»Das dringende Bedürfnis, in die Vergangenheit zu reisen.«
Du hörst auf zu tippen und musterst mich. Als wärst du unsicher, wie du das auffassen sollst.
»Das ist zu ungenau. Was versprechen Sie sich von dieser … Reise in die Vergangenheit?«
»Was geht dich das an?«
Das ist mir so ausgerutscht, äh, herausgerutscht, die Situation läuft aus dem Ruder, bestimmt schließt du gleich wieder das Nasenloch, das sich gerade schon öffnen wollte, und ich will Non, attendez! rufen. Ich kann mich gerade noch beherrschen.
»Ich suche meine Wurzeln.«
Dein Blick senkt sich wieder auf die Tasten. Du nimmst einen tiefen Atemzug und tippst langsam ein, was ich gesagt habe. Dein Nasenloch ist jetzt komplett verschlossen. Du bist weiß und gelb. Wie tot.
»Das ist kein hinreichender Grund, um Ihnen Zutritt zu gewähren«, sagst du mit der Stimme eines blondzöpfigen Mädchens. »Sie verstehen doch: Wir müssen vorsichtig sein und sichergehen, dass unsere Besucher ehrenhaft sind.«
»Wer ist ›wir‹?«
Du stemmst dich aus deinem Bürostuhl wie die uralte Frau, die du bist, und forderst mich mit bebenden Lippen und zitternder Hand auf, dorthin zurückzukehren, wo ich hergekommen bin.
In einem deiner grünen Augen sehe ich den reflet eines Hakenkreuzes aufblitzen. Flüchtig zwar, aber du kannst mir jetzt nicht mehr einreden, dass ich nur geträumt habe.
Grummelnd ziehe ich davon. Ich fühle mich wie ein Deutscher Schäferhund. Und summe Schubert.
»Mutters Hand, blutsverwandt, Mutters Hand, blutsverwandt , Mutters Hand blutsverwandt … «
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