Personnage: Alice
Quitte à tomber éternellement, autant s’en arranger, tirer le meilleur de la situation. Mais non, je continue à tomber ventre vers le sol invisible, les membres portés par la résistance de l’air à la gravité. C’est désagréable, je ne peux pas dire autrement.
manteaux longs et foulards virevoltants
gants de cuir et lunettes fumées
visages qui se dorent au soleil
(FR) On roule jusqu’au bord de ma psyché. Les lumières de la ville se brisent soudainement contre l’orée invisible. Jour. Nuit.
(DE) Wir fahren bis an die Grenze meines Seelenlebens. Die Lichter der Stadt brechen sich plötzlich an dem unsichtbaren Rand. Tag. Nacht.
Mon chemin se poursuit. Ma valise est ma seule bouée de sauvetage
je te dirai des mots
des mots
j’ai oublié le nom du chanteur
Il l’a appelée Belloncée
Pourquoi pas
L’homme est satisfait
Ce soir, Alice, le manque d’amour m’écrase.
(FR) Le vent ne tombe plus, il m’emporte au gré des rumeurs. Dans le bois près du camping, son visage dans mes mains, son odeur dans les narines, j’avance.
(DE) Im Wald nahe dem Campingplatz sein Gesicht in meinen Händen, sein Geruch in meiner Nase … ich gehe vorwärts.
(FR) L’hôtel, c’est un courant d’air. Rien ne s’accroche bien longtemps.
(DE) Das Hotel ist ein Ort der Durchreise. Nichts ist von Dauer.
Je n’avais aucune envie de regagner ma chambre. Le hall était désert, les comptoirs vides. La veille, lorsque je m’étais présentée à la réception vers midi, je n’avais aperçu qu’une dizaine de noms sur le registre. Ces dix personnes étaient-elles confinées dans leurs chambres, ce soir ?